Etude
Dans son rapport annuel, l'Observatoire de la déontologie de l'information (ODI) dénonce une aggravation des pressions et attaques contre les journalistes et les médias en 2018, tant au sein de la classe politique que des gilets jaunes.

A l'occasion des Assises du journalisme, qui se tiennent à Tours du 13 au 15 mars, l'Observatoire de la déontologie de l'information (ODI) publie son rapport annuel. Celui-ci pointe qu'en 2018, les pressions et attaques contre les journalistes et les médias se sont encore accrues, au sein de la classe politique comme des gilets jaunes.

«Le problème n'est pas neuf. Mais il s'aggrave jusqu'à devenir une menace pour le fonctionnement de la démocratie», s'alarme l'Observatoire dans ce rapport présenté ce jeudi 14 mars par son président Patrick Eveno. «L'intolérance à la liberté d'informer s'est manifestée de la part de politiques, d'entreprises, d'organisateurs de spectacles, de clubs sportifs et de groupes de citoyens», résume l'ODI, jugeant que «l'acmé de ces critiques est la phrase d'Emmanuel Macron en juillet 2018», prononcée au moment de l'affaire Benalla : «Nous avons une presse qui ne cherche plus la vérité».

L'ODI, qui regroupe des particuliers, des professionnels et des médias, tire la sonnette d'alarme depuis plusieurs années, et avait notamment dénoncé la tendance au «média bashing» chez les politiques durant la présidentielle de 2017, mais dresse un constat encore plus négatif dans ce nouveau bilan. Il rappelle également les propos de Jean-Luc Mélenchon, le chef de file de La France Insoumise, qui avait estimé que «la haine des médias et de ceux qui les animent est juste et saine», traité les journalistes de Franceinfo enquêtant sur son parti d'«abrutis» et de «menteurs», et appelé ses partisans à les «pourrir».

Les médias pas exonérés

L'ODI revient également sur le mouvement des Gilets jaunes, qui a «engendré son cortège de pressions, verbales et physiques, sur l'information». Et il cite les nombreux cas «d'intimidations et d'agressions» recensés lors des manifestations, et les «pressions pour influencer un contenu rédactionnel ou des mouvements de blocage pour empêcher la parution de quotidiens» dans plusieurs régions. Ces incidents en tous genres «ont été fréquents et doivent être dénoncés», souligne l'ODI, qui estime que si la critique des médias est légitime et nécessaire, «des limites ont été franchies, qui mettent en cause le fonctionnement de la société démocratique».

L'organisme n'exonère cependant pas les médias, qui «ont parfois mis un certain temps à se saisir des causes et du sens de ce mouvement social». Et rappelle qu'il est de leur devoir «de regarder, de rapporter et d'analyser l'ensemble de la société, et pas seulement ce qui passe par les filtres des élites et des pouvoirs».

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.