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Le podcast s'est imposé comme le média le plus farouchement féministe. Entretien avec Lauren Bastide, la créatrice de La Poudre, programme largement novateur et leader en France.

Le podcast s’est imposé comme le média du nouveau féminisme. Pourquoi ?

Lauren Bastide. La vague féministe que l’on est en train de vivre est fondée sur la voix. C’est une prise de parole des femmes qui s’est exprimée via le mouvement #MeToo. Elles arrêtent de se taire pour mettre un terme à ce qui ressemblait à une invisibilisation des femmes dans l’espace public.

Rédactrice en chef à Elle puis chroniqueuse au Grand journal de Canal+, qu’est-ce qui vous a donné envie de lancer La Poudre fin 2016 ?

Le déclic est venu lorsque j’ai découvert que le temps de parole des femmes dans l’espace public était de 24 %. Comment avoir une idée nuancée et éviter les stéréotypes sur les femmes si leur parole est si peu présente ?

Dans chaque épisode, vous interviewez une femme pendant une heure. Quelle est la ligne éditoriale ?

Je souhaite donner la parole et offrir du temps long à des femmes qui ont réalisé de grands accomplissements. Je veux qu’on y écoute des voix que l’on n’entend pas ailleurs comme Salcuta Filan, une femme rom, héroïne du documentaire 8 avenue Lénine de Valérie Mitteaux et Anna Pitoun. Une heure pour s’exprimer, c'est rare dans les médias.

Mais on entend aussi des femmes connues comme Julie Gayet ou Leïla Slimani...

Oui, parce qu'elles sont inspirantes et que leur nom donne de la visibilité au programme.

Avez-vous été surprise par le succès de La Poudre, podcast le plus téléchargé en France ?

J’étais sûre de mon projet et de son bien-fondé mais honnêtement, je ne m’attendais pas à avoir autant d'auditeurs. J’en espérais 5 000 et nous en sommes à 500 000 téléchargements par mois. 

Les podcasts féministes se multiplient. Comment vivez-vous cette concurrence ?

La Poudre s’envole, essaime et germe. Son nom est bien trouvé. C’est une fierté pour moi de donner envie à d'autres de créer leurs podcasts.

Que préparez-vous pour la rentrée ?

Dès le mois d’octobre, dans un cinéma MK2, nous diffuserons une fois par mois un épisode en replay en présence d’une des invitées de la première saison. Elle répondra ensuite aux questions du public. Les podcasts s’avèrent pérennes. Ils relèvent d’une démarche journalistique et documentariste. Ils retracent le parcours de femmes. Ces voix resteront.

Les annonceurs et sponsors vous suivent-ils facilement ?

Oui, La Poudre est à l’équilibre financièrement, grâce à des conseils de lectures sponsorisés par des maisons d'édition. Nous avons aussi des fidèles, comme Guerlain, qui emploie le mot féminisme sans rougir.  

Quels sont vos autres projets ?

Je vais davantage endosser ma casquette de productrice. J’ai cofondé Nouvelles Écoutes avec Julien Neuville en novembre 2016. Nous sommes quinze permanents aujourd'hui, embauchés grâce au brand content (pour Red Bull, Figaret ou La Ligue 1 de football). Nous proposons quinze séries dont Impatiente, qui suit une femme atteinte d’un cancer du sein. En novembre, la Cité de l’égalité et des droits des femmes va ouvrir à Paris dans le 6e, à l’initiative de la Fondation de Femmes. Nous y ferons des rencontres La Poudre. Nous allons y construire un studio de podcasts pour tendre le micro aux femmes. C’est un geste politique important pour moi.

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