La cofondatrice de la plateforme d’information et de formation Plan Cash revient sur les grandes actualités de la semaine.

L’inscription de l’IVG dans la Constitution après un vote historique du Sénat, le 28 février.

Si ce vote est une bonne nouvelle, il n’est pas l’événement historique dont certains parlent. Il s’agit de l’inscription d’une « liberté » dans la Constitution mais en droit constitutionnel, une liberté est une possibilité qui n’engage pas l’État à donner les moyens de l’exercer. Et justement le Planning familial et les hôpitaux manquent de moyens pour permettre à toutes les femmes d’exercer ce droit concrètement. Pire, un gouvernement futur qui serait opposé à l’IVG pourrait restreindre les financements des hôpitaux ou le délai légal. La proposition initiale qui évoquait un « droit à l’avortement » aurait été historique mais elle a été modifiée par la droite sénatoriale.

CNews qui a assimilé l’IVG à une cause de mortalité et risque une sanction de l'Arcom.

J’ai été choquée par cette infographie diffusée dans le talk religieux du dimanche de CNews, celle qui présente l’IVG comme la première cause de mortalité devant le cancer ou le tabac. Ça me paraissait impossible de propager des idées si rétrogrades ! Les excuses présentées sonnent faux étant donné que CNews est déjà dans le viseur de l’Arcom pour une surreprésentation des partis et idées d’extrême droite sur son antenne. J’attends beaucoup de la décision de l’Arcom : CNews risque une amende allant jusqu’à 3 % de son chiffre d’affaires. C’est une bonne piste d’attaquer au porte-monnaie cette chaîne prête à tout pour l’audience.

Le psychanalyste Gérard Miller, figure de la gauche intellectuelle, accusé par plus de 67 femmes de viols ou d’agressions sexuelles.

Bien sûr qu’il faut que la justice enquête… Mais quand 67 femmes partagent des témoignages concordants de comportements déplacés, agressions sexuelles ou viols, les médias se doivent de réagir, le public d’écouter et les institutions de protéger d’éventuelles futures victimes. Les enquêtes de Mediapart et de Elle sont rigoureuses : elles ont recoupé les faits avec de nombreux témoins et ont tenté de donner la parole au mis en cause. Les médias ne sont pas tenus par des délais de prescription comme la justice, c’est pourquoi ils doivent se saisir de ce type d’affaires.

Judith Godrèche auditionnée par le Sénat, le 29 février, quelques jours après son discours aux César sur les violences sexistes et sexuelles dans le cinéma.

Sa proposition d’ouverture d’une commission d’enquête sur les violences sexuelles dans le cinéma est importante mais il ne faudrait pas occulter tous les autres milieux professionnels où ces violences existent. Elle propose aussi d’évincer de son poste Dominique Boutonnat, le président du CNC, accusé d’agression sexuelle. En attendant une décision de justice, une suspension temporaire est la meilleure option. Le CNC distribuant les subventions au cinéma, il s’agit de protéger le financement des autrices et productrices qui voudraient aborder ces thèmes dans leurs œuvres.

La difficulté pour les médias de connaître le déroulé des faits à Gaza, alors qu’une centaine de civils palestiniens ont été tués lors d’une distribution d’aide alimentaire.

Depuis le début, cette guerre militaire est aussi une guerre d’informations. Aux dernières nouvelles, 94 journalistes ont été tués à Gaza et les journalistes internationaux n’ont toujours pas accès aux zones de conflit. C’est un problème de plus dans ce conflit qui clive l’opinion publique. Pour l’instant, les journalistes font surtout un travail de croisement des sources et de fact-checking à distance, en zoomant sur des vidéos ou en croisant des rapports d’ONG avec les déclarations du Hamas ou de l’Armée israélienne. Il serait temps qu’ils aient accès au terrain, sans escorte de l’armée israélienne pour informer sans biais.