Influence marketing
Jeremy Gisclon (Jeremstar) publie ce 5 octobre sa «Biographie officielle». Il y a un an, celui qui définit son activité professionnelle comme une grande agence de communication 2.0, se confiait à Stratégies, ses méthodes d’organisation, sa vision du marketing, ses projets pour l’avenir… Voici son interview à (re)découvrir.

[Initialement publié en octobre 2016]

Lire aussi : Les marques dans le grand bain de Snapchat

Vous êtes le premier influenceur sur l’application Snapchat, vous confirmez?

Je suis en effet le Français le plus suivi sur l’application, cela a été confirmé par la firme américaine. Sur ce réseau social, impossible de voir le nombre d’abonnés des utilisateurs, il faut passer par Snapchat pour obtenir ce type de données. Sur cette application, je réalise une «téléréalité» quotidienne, avec des «stories» d'une durée de 20 minutes à une heure, à la manière d'une série avec ses épisodes. D'ailleurs, je réfléchis même à incruster un générique au début et à la fin !

Il faut savoir que, pour l’heure, hors Discover, il n’y a aucune monétisation sur Snapchat. Je diffuse mes contenus «bénévolement» sur la plateforme… En réalité, cette application constitue une vitrine du reste de mes activités. Snapchat c'est la meilleure chose qui soit arrivé dans ma vie. Le réseau a fait décoller ma carrière, il a transformé ma manière de communiquer. Il me permet de murmurer directement à l’oreille, via le téléphone mobile, de la personne qui me suit. Qu’elle soit dans son lit, en salle de cours ou à un repas de famille. C’est un mode de communication hyper-intime… et donc très efficace. La différence de Snapchat avec les autres réseaux, c’est qu’ici on choisit le contenu qu’on consulte, cela ne fonctionne pas par flux.

Quelle est votre formation?

J’ai suivi une licence d’information/communication à l’université. Ces bases de marketing m’ont servi à forger le personnage de Jeremstar et m’ont aidé à m’emparer des nouveaux outils de communication.

EXCLU : Interview de Frambourgeoise juste avant son départ pour la pommière story-réalité sur le snapchat OasisBeFruit #FruitsIbizananas pic.twitter.com/cu04frGpz7

— JEREMSTAR (@jeremstar) 21 novembre 2016

Extrait de la campagne Oasis, avec l'agence Marcel, mettant en scène Jeremstar.

Quelle définition donnez-vous de votre activité professionnelle?

Acteur, animateur, concepteur-rédacteur, community manager… Jeremstar c’est un peu tout cela à la fois. Je résumerais en définissant ma société comme une grande agence de communication. Je récupère des candidats d’émissions de téléréalité et autres people pour leur trouver des plans médias, pour les faire rebondir, je leur obtiens des contrats rémunérés. Agence de com également parce que de plus en plus de marques me contactent directement, sans passer par des agences intermédiaires. C’est différent de la publicité en télévision ou en presse, mon concept: «l’influencing viral internet».

Combien de collaborateurs compte la société Jeremstar?

J’ai créé ma société il y a un an. elle compte aujourd’hui cinq salariés. J’ai recruté une directrice de la communication, du marketing et du développement, une équipe de réalisation et de production pour les vidéos et des rédacteurs pour les sites internet.  

Comment fonctionne votre relation avec les marques?

Les entreprises me contactent pour valoriser un produit qui va accrocher avec ma cible: des bougies, des sodas, des applications, des sorties de films, etc. Nous ne nous contentons pas de faire un snap où je dis que j’aime tel produit, nous imaginons toute une mise en scène, il est important que le produit corresponde bien à mon univers afin de délivrer un vraie recommandation. Nous allons réfléchir au moment, à l’endroit et aux moyens de bien valoriser un produit. Ce sont des choix pris en amont, puis des scénarios écrits, pour faire du sur-mesure pour chaque annonceur. Du média planning classique en somme. Mais je dirais que j’ai révolutionné le fonctionnement des agences de communication, devenues un peu old school, en proposant des opérations beaucoup plus directes.

Je suis par exemple le premier influenceur en Europe avec le code de promotion Uber. Autour de ce code promo j’ai instauré un véritable storytelling, avec un personnage central qui est mon chauffeur attitré Uber que je côtoie tous les jours. Rendre ce personnage sympathique et populaire a contribué à valoriser la marque Uber. Cela génère 8 500 nouveaux clients par mois pour la marque. Je touche des commissions à chaque fois que le code est utilisé.

Jeremstar, au-delà de l’aspect communication et relation avec les marques, c’est d’abord un personnage tour à tour fantasque et loufoque, avec un ton très corrosif, excessif. J’ai mis 10 ans à construire ce personnage et tout l’univers autour lui. Je ne vous dirais pas que c’est «bien fait» (rires), je suis moi-même surpris que cela marche aussi bien !

http://www.strategies.fr/actualites/marques/1052592W/les-marques-dans-le-grand-bain-de-snapchat.html

Jeremstar et son chauffeur Uber. Extrait de la campagne UberZERO pour Uber et Coca-Cola.

Pourquoi avoir choisi les médias sociaux pour vous exprimer?

Je fais partie de la génération réseaux sociaux. J’ai vécu l’arrivée de My Space, Facebook, ensuite Instagram et plus récemment Snapchat... Il y a 10 ans, je n’avais pas accès aux médias traditionnels pour exprimer mon intérêt pour la téléréalité et mon désir de me faire connaître. Je me suis donc servi du média web et social pour me faire entendre. Au fur et à mesure, mon business s’est construit à travers ce canal. Liberté de ton et de ligne éditoriale, cible jeune… Je revendique à fond le fait de travailler sur les réseaux sociaux et de n’être rattaché à aucun média traditionnel.

Aujourd’hui, les jeunes sont beaucoup plus réceptifs à Snapchat qu’à la télévision: Snapchat est la télé des jeunes. Leur consommation est totalement différent de la génération précédente. Ils ne regardent plus la télévision en direct, ils sont férus de replay, ils pratiquent le multi-écran et ils sur-consomment l’info sur internet, notamment en vidéo. A plus forte raison, je dirais que la presse et la télévision sont devenus has-been et que ces médias ne permettent plus d’engager les jeunes.

Et si l'on vous proposait l’animation d’une émission de télévision?

Je préfère rester sur internet. Pourtant, on m’a approché pour me proposer différents projets télévisés. Encore récemment, j’ai défrayé la chronique en refusant à la dernière minute de prendre la tête de l'émission consacrée à la téléréalité Mad Mag sur NRJ 12. Je ne veux plus être utilisé de la sorte dans un média hyper-contrôlé ou je n’aurais plus ma liberté de ton, où je serais contraint de taire certaines informations en fonction des affinités de mes dirigeants, etc. Je ne vais pas dire que la télé me déplaît, cela reste forcément une expérience intéressante et enrichissante, mais dans le cadre de mes interviews et de mon contenu en général, ce canal ne correspond plus. En fait, je serais perdant si j’acceptais.

 

 

Comment définissez-vous votre cible?

C’est une cible d’adolescents. Je suis surpris lors de mes dédicaces de voir des fans d’à peine 10 ans. Mais le coeur de cible est constitué de jeunes de 15 à 25 ans. C’est un public également très féminin. Une importante part d’adultes suit mes aventures pour les scoops et les potins, mais les abonnés “accros” sont des collégiens et des lycéens principalement.

C’est important pour moi de bien connaître ceux qui consomment mes vidéos, de pouvoir quantifier et qualifier mon audience. Je suis de près mes données analytiques, avec tous les outils internes aux réseaux sociaux, de Twitter à Facebook en passant par Google Analytics. Avant de publier une photo sur Instagram ou un tweet, je prends en compte les heures de pics d’audience afin qu’ils rencontrent le meilleur impact. Du reste, le meilleur outil reste la rencontre en direct, notamment lors des dédicaces de mon livre ou de mon calendrier.

A long terme, comment voyez-vous évoluer votre entreprise ?

J’espère que mon activité va perdurer et se développer. Plusieurs pistes d’évolution sont possibles. J’aimerais lancer un réseau de site internet, peut-être investir dans des affaires… En tout cas, être toujours à la tête de ma propre entreprise.

Lire aussi notre enquête «Les marques dans le grand bain de Snapchat» (réservée aux abonnés)

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