Seuls 6% des Français affirment faire «tout à fait confiance» aux banques

L'antienne ne date pas d'hier: les Francais n'ont guère confiance dans les banques. En mai dernier, une étude Harris interactive pour Deloitte montrait que si, globalement, les clients français étaient satisfaits de leur agence bancaire, ils n'étaient que 43% à faire confiance au système bancaire contre 57% aux États-Unis, 62% au Royaume-Uni et 67% en Belgique. Des pays où pourtant la crise a touché plus durement le système bancaire.

 

Trois ans après les subprimes et la chute de Lehman Brothers, la rechute boursière observée ces dernières jours, liée à la fragilité de l'euro, aux engagements des banques sur des pays en difficulté et aux dettes souveraines, n'a fait que confirmer cette défiance. Selon une étude Ifop menée du 31 août au 2 septembre et diffusée le 6 septembre dernier par le site JDD.fr, Les Français et la solidité des banques, ces derniers sont même 48% à ne pas avoir confiance dans la solidité financière des banques (46% dans la dernière étude réalisée en janvier 2009). Les plus sceptiques sont les artisans commerçants (64%), les ouvriers (55%) et les inactifs (55%) mais aussi les habitants des zones rurales (61%), ainsi que les sympathisants de gauche et du Front national. Les plus optimistes se recrutant plutôt chez les professions libérales, les cadres supérieurs et les retraités (39%) et en ville (43%) ainsi que parmi les sympathisants du Modem (70%) et de l'UMP (72%). Seuls 6% des sondés affirment faire «tout à fait confiance» aux établissements bancaires (8% en 2009).

 

Néanmoins, comme cela apparaît à travers toutes les enquêtes menées sur le sujet depuis des années - l'étude Harris Interactive/Deloitte le montrait encore -, l'image qu'ont les Français de leur propre banque n'en est pas pour autant affectée. Seuls 16% des sondés, selon l'Ifop, ont songé récemment à placer leurs économies dans un autre établissement ou à fractionner leur épargne dans plusieurs banques. À noter toutefois qu'ils sont 9% à avoir l'intention de retirer leurs économies du système bancaire. Un chiffre qui n'a rien de marginal.

 

Les banques n'ont donc pas intérêt à se reposer sur leurs lauriers. En effet, selon une enquête de l'UFC-Que choisir publiée en septembre 2009, «les consommateurs se plaignent de la complexité des contrats et du jargon employé, qui rendent toute comparaison impossible», tandis qu'un communiqué du médiateur de la République à la même période accusait les banques de pratiquer des tarifs bien trop obscurs. Un avis partagé par la Commission européenne qui, à la même période, désignait le système bancaire français comme l'un des champions de l'opacité des tarifs et autres frais (source: lacroix.fr, édition de 24 septembre 2009). De là à penser que, se résignant à l'idée que toutes les banques «c'est bonnet blanc et blanc bonnet», les Français ne voient pas l'intérêt d'en changer... On mesure le travail à faire de la part des établissements bancaires pour rétablir une relation de confiance avec leurs clients.

 

Parole d'expert

 

Serge Maître, président de l'Association française des usagers des banques (Afub):

 

«En 2008, les banques ont perdu leur image de probité et de compétence technique. Avant, un banquier ne pouvait pas se tromper. Avec la crise de 2008, on a vu qu'ils pouvaient se tromper comme n'importe quel usager. Nous sommesaujourd'hui confrontés à une véritable inquiétude. Est-ce que le système bancaire va tenir ? Ca fait un mois qu'on reçoit des appels affolés de gens qui demandent : est-ce qu'on va me baisser mon salaire ? En 2008, on en voulait aux banques. Là, on s'interroge sur l'économie financière, sa pertinence, son utilité... Et plus encore, on se demande si l'économie réelle va être touchée...»

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