Télécoms
Damien Morin, 24 ans, est le patron de Save, une enseigne de réparation de téléphones, qui ouvre une boutique par jour et vient de lever 14 millions d’euros.

Tout juste diplômé, Damien Morin est déjà à la tête d’une enseigne de 300 salariés. Du haut de ses 24 ans, il a d’ailleurs déjà créé deux sociétés: d’abord Save my computer en 2012, puis Save my smartphone en 2013, récemment rebaptisée Save. Le créneau de Save: la réparation express des téléphones, en une vingtaine de minutes.

Le développement de son entreprise est lui aussi express: «Nous n’étions que cinq salariés en juin 2014, aujourd’hui nous ouvrons une boutique par jour, nous recrutons 250 personnes dans les prochains mois et nous serons 500 salariés à la fin de l’année», dit, en toute simplicité, le jeune diplômé. Il va embaucher plus de 250 «sauveteurs» en points de vente, 25-35 ans, technophiles mais sans forcément de compétences techniques. Et renforcer ses équipes au siège (marketing, web, data scientist, managers pays et responsables régionaux…).

Save est présent en France, Suisse et Suède… et va s’installer en Grande-Bretagne, Espagne, Portugal et Belgique. La société vient de lever, début septembre, 14 millions d’euros pour accélérer son développement.

 

«Pas de projet plus long qu'une semaine»



Comment Damien Morin mène cette entreprise? Au pas de course. «Aujourd’hui, vu la taille de la société et le rythme de croissance, j’essaye d’insuffler de la culture plutôt que de pratiquer le management opérationnel», explique Damien Morin. Il s’appuie sur certaines valeurs comme «ship it fast & keep it simple» (livrer rapidement et faire simple). «Autrement dit, ne surtout pas se faire de nœuds au cerveau. Cela signifie concrètement que l’on abandonne systématiquement tout projet qui prendrait plus d’une semaine à mettre en œuvre (hormis le développement d’applications ou logiciels)», explique-t-il.

Au quotidien, le boss se répartit les tâches avec Cyril Montanari, son directeur général, 41 ans. «Il développe le produit, donne la vision et je mets en œuvre, détaille-t-il. Damien a la foi de l’entrepreneur, il sait naturellement rendre son projet crédible, est capable de faire fi des tensions les plus fortes.» Autres qualités du manager selon Cyril Montanari: «Il sait s’entourer des bonnes compétences et c’est un excellent communicant. En revanche il peut avoir tendance à faire trop de choses, à ne pas assez déléguer.»

 

«Sortir de sa zone de confort»

 

Dans sa pratique managériale, Damien Morin s’inspire de figures de la Silicon Valley, les cofondateurs de Google, Larry Page et Sergey Brin, «pour leur capacité à sortir, en permanence, de leur zone de confort», explique-t-il. Et d’Elon Musk, CEO de Tesla, «pour son côté visionnaire».

«Un bon manager à mes yeux est capable d’un excellent mix entre flexibilité et détermination, humilité et ambition», ajoute le président de Save, qui a retenu une autre règle d’une tournée dans les Gafa: «Pour construire de tels empires, il faut toujours se dire que le projet est plus important que les hommes.»

Le livre de chevet de cet entrepreneur est Zero To One, un ouvrage de Peter Thiel, cofondateur de Paypal, qui détaille les stratégies que doivent adopter les fondateurs de start-up pour réussir. Enfin, ce patron a une question fétiche quand il recrute ses top-managers: «Quelles visions de marché avez-vous que peu de gens partagent? Ce qui m’intéresse, c’est de voir s’ils ont des points de vue originaux. Si quelqu’un met trop longtemps à répondre, c’est rédhibitoire.» A bon entendeur…

Dates clés

1990. Naissance à Rueil-Malmaison (92).2012. Crée « Save my computer ».

2013. Lance « Save my smartphone ».

2015. Diplômé de l’European business school (master en finances).

2015. Rebaptise sa société « Save » et effectue sa première levée de fonds de 14 millions d’euros.

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