Digital manager
Directeur de la rédaction du Huffington Post, Paul Ackermann promeut le sacrifice de soi au service d'un média en pleine croissance. Une foi contagieuse qui auréole l'ambiance start-up du jeune pure player.

Paul Ackermann est un homme discret. A la tête de la rédaction de la version française de Huffington Post depuis son lancement en 2011, c’est avec réserve qu’il dévoile les bons résultats et les nouveaux projets ambitieux du pure player. «Le Huff Post vient de clore son premier exercice bénéficiaire fin 2015 et lance tout juste le Huff Play, sa plateforme vidéo.» De bonnes nouvelles pour le média en pleine croissance, qui est passé en quatre ans de huit salariés à 26. D’autres recrutements sont en vue pour compléter les six personnes consacrées à la vidéo dans le but d’obtenir une rédaction consacrée à «50-50» aux contenus vidéo et aux textes.

Pour gérer ses effectifs qui s'étoffent, celui qui a débuté sa carrière à la rubrique Société du magazine suisse L’Hebdo, a su constituer autour de lui une «famille». «Nous ne recrutons que post-stage, pour être sûr de bien connaître la personnalité. La rédaction est surtout constituée de bébés Huff Post. Sinon, nous embauchons des amis des membres de la rédaction». Résultats: «Une ambiance totalement start-up, un esprit très particulier, jovial», selon un journaliste de la rédaction. Pour preuve, sur les huit personnes qui ont participé au lancement du site, six sont toujours là…

La réunion totale

Le «profil Huff Post» c’est une personne «sympathique, tout sauf grande gueule, qui ne cherche pas à faire le malin sur les réseaux sociaux, mais qui paradoxalement y est très sensible, puisque ces médias restent notre principale source d’information», décrit Paul Ackermann, ajoutant que «Facebook apporte entre 20 et 25% du trafic sur le site».

Travailler au sein d’un média d’information en continu suppose, pour le directeur de la rédaction, de savoir faire preuve d’une grande «solidarité», et même de «sacrifice de soi». «Nous ne sommes pas actionnaires et pourtant, ici, chacun se sent investi, responsable du site. On le remarque en cas d’actualité forte hors des heures de bureau, tout le monde se connecte à ses mails pour participer…», raconte celui qui se dit «obsédé» par l’info. Un peu addict? «C’est vrai qu'il faut parfois s’imposer de lâcher un peu le flux.» D’autant que l’équipe travaille en horaires décalés par roulement, ce qui implique une activité quasi-constante sur le site.

Si certaines tâches peuvent être plus ingrates que d’autres, au Huff Post, pas question que certains membres de l’équipe soient voués aux articles courts et d’autres aux contenus plus «nobles». Chaque collaborateur peut consacrer une semaine par mois à des sujets plus longs, plus fouillés. Par ailleurs, Paul Ackermann prône une méthode d'organisation «innovante»: l’absence de réunion quotidienne. «Chez nous, la réunion dure toute la journée, de manière intuitive. Je considère que la réunion est un vieux concept hérité du print.» Un rassemblement hebdomadaire a néanmoins lieu, en présence d’Anne Sinclair, la prestigieuse directrice éditoriale du site qui passe deux jours par semaine à la rédaction. Un duo managérial qui semble bien fonctionner. L'ancienne journaliste vedette de TF1 incarne la ligne, avec une certaine hauteur, Paul Ackermann s’occupe de l’opérationnel, au jour le jour, de façon très horizontale.

Son parcours en bref

1977. Naissance en Suisse

2002. Débute sa carrière à la rubrique Société du magazine suisse L’Hebdo

2005. Participe au lancement du Bondy Blog

2007. Participe au lancement de la plateforme participative de 20 Minutes

2010. Responsable de l'édition web au Figaro

2012. Participe au lancement du Huffington Post en tant que rédacteur en chef

2015. Nommé directeur de la rédaction du Huffington Post

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