Focus Médias
L’année 2016 a été marquée par la montée en puissance de JCDecaux et le recul du groupe Canal+. Le premier profite de son développement international tandis que le second subit de plein fouet la crise de son modèle économique en France.

Le groupe Canal+, leader de notre classement, souffre pour la première fois nettement en termes de chiffre d’affaires : -4,7 % en 2016, à près de 5,3 milliards d’euros, principalement du fait de ses activités payantes en France. Si les neuf premiers mois de 2017 montrent un ralentissement de cette baisse (-2 %), et même un coup d’arrêt à l’hémorragie des abonnés en France, on ne peut que constater que le modèle de la télé à péage est à réinventer. « Vincent Bolloré a pris les rênes de Canal+ au moment le plus délicat de l’existence de cette société, rappelle Jean-Clément Texier, directeur du master de Management des médias de l’IEP de Rennes. Il doit faire face à une hyper-compétition dans les droits sportifs avec Bein Sports et Altice, dans le cinéma et les séries avec Netflix ou Orange, et enfin dans le clair avec la TNT ». L’industriel s’appuie désormais sur des accords de distribution – avec Free ou Orange – pour reconquérir du chiffre d’affaires [CA].
Le vainqueur de ce classement arrive en deuxième position : c’est le groupe JCDecaux, seule véritable multinationale française qui pèse désormais plus en Asie qu’en France. Avec une hausse de 5,8 % de son activité, et une rentabilité très confortable, le groupe a fait progresser ses recettes de près de 200 millions d’euros en un an.
Seuls les Gafa sont en mesure d’apporter des gains supérieurs grâce à des phénomènes de transfert des dépenses publicitaires en leur faveur. Si l’activité réelle de Google en France est bien supérieure à 2 milliards d’euros, le bilan déposé au greffe fait état de près de 300 millions de CA, soit +20 % en un an. En l'absence de Facebook, on remarque l’arrivée de nouveaux acteurs comme Apple, Spotify ou Amazon. Leur CA varie pour l’heure entre 27, 55 et 81 millions d’euros mais les évolutions annuelles sont de 27 %, 38 % et 74 % ! Auféminin, le site d’Axel Springer, dépasse les 100 millions après une hausse de 15 %. Côté français, Webedia, de Marc Ladreit de Lacharrière, profite de son développement international dans dix pays en affichant une progression de 59 %, à 214 millions d’euros. En revanche, Solocal (Pages Jaunes) affiche une baisse de 7 %, signe de sa difficulté à soutenir une croissance sur internet face au déclin de l’annuaire papier.

Le retour de la TV

Parmi les bonnes surprises de 2016, citons le rétablissement de la TV gratuite. Les groupes TF1 et M6, en léger repli l’an dernier, affichent des croissances de plus de 2 %, en raison de fortes rentrées publicitaires. France Télévisions profite aussi de la pub et du soutien de l’État l’an dernier. Enfin, la presse affronte encore de sévères fuites d’activité notamment du côté des news (L’Express, L’Obs, Le Point…) ou de Sipa-Ouest France qui a abandonné ses parts dans Leboncoin ou Caradisiac et subit de plein fouet la crise des journaux de PA (Spir). À noter que le tableau ne rend pas compte des 355 millions d’euros de CA d’Infopro Digital (Le Moniteur, L’Usine Nouvelle, LSA..) ni de Altice Media qui peut être estimé à près de 420 millions d’euros entre Nextradio TV et sa régie (+16,9 %), le groupe Express (-40 %) et Libération.

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