Site de rencontres
À l'occasion du lancement du nouveau spot télévisé de Gleeden, Solène Paillet, directrice marketing et communication chez Black Divine, maison-mère du site, revient sur le succès de la plate-forme scandaleuse spécialisée dans les rencontres extraconjugales.

Quel est l’objectif de votre nouvelle campagne, qui sort le 1er octobre?

SOLÈNE PAILLET. Elle a pour but de mettre en avant une des fonctionnalités de l’application qui permet, juste en secouant son smartphone, de se déconnecter. C’est l’amant dans le placard version digitale : les preuves sont éliminées en un rien de temps ! Le spot, conçu par l’agence 87 seconds, met en scène une équipe de nettoyeurs express qui réussit à faire disparaître les traces de l’adultère. On a choisi l’humour et la légèreté, non pas parce qu’on prend l’adultère à la légère, mais pour dédramatiser. D’autant qu’on ne met pas en scène une situation d’adultère : la protagoniste se contente de secouer son téléphone, dans un mode métaphorique et son acte reste uniquement virtuel. Beaucoup de nos inscrits discutent en ligne mais ne passent jamais à l’acte, ne franchissent pas le pas de la rencontre. Même si, je vous l’accorde, on peut se demander où commence l’infidélité…

 

Comment vous préparez-vous au lancement de la nouvelle campagne?

S.P. On se demande toujours ce qui peut arriver de pire… En l’occurrence, ce serait l’arrêt du spot et nous avons déjà été confrontés à ce cas de figure. De plus, le film a été minutieusement examiné par l’ARPP donc au niveau juridique, nous sommes couverts. Notre agence digitale sera aux aguets au moment des diffusions, pour surveiller les commentaires sur les réseaux sociaux. Nous sommes, de manière générale, moins inquiets qu’avant. Au quotidien, on ne reçoit plus de lettres d’insultes et le jugement contre les associations catholiques de 2015, qui souhaitent que nous arrêtions de communiquer dans le domaine public, nous a donné raison. Même s’ils ont fait appel, ça a calmé les choses. 

 

Avez-vous des restrictions particulières par rapport à un site de rencontres « classique » comme Meetic ou Adopte un mec?

S.P. Nous avons de toute façon beaucoup plus de contraintes, parce que la marque dérange. Pour rappel, en 2011, notre campagne TV a été arrêtée prématurément à cause des plaintes des téléspectateurs. En 2016, nous avions donc choisi quelque chose de plus doux avec la campagne « L’amanturière », réalisée en interne. Les retours négatifs avaient été beaucoup moins nombreux. Depuis, les régies sont plus souples avec nous. Pendant longtemps, il nous était impossible de communiquer avant minuit, donc on avait refusé de le faire. Il était hors de question que nous soyons associés à des sites érotiques… Aujourd’hui, nous sommes restreints à une diffusion après 22h30. C’est un petit pas en avant certes, mais qui nous permet de revenir sur les écrans. D’autant que quand nous diffusons en TV, l’impact sur les inscriptions est immédiatement visible. Quoi qu’il en soit, la plus grosse différence avec les autres sites de rencontres reste la discrétion, on ne peut pas, comme Meetic, lancer des soirées ou des événements.

 

Qui sont les membres de Gleeden aujourd'hui?

S.P. Nous avons trois types de profil : les gens heureux en ménage mais qui cherchent l’excitation, les gens qui ne sont plus amoureux et cherchent un déclic pour quitter leur conjoint et un peu moins de 15 % des inscrits sont célibataires. Ces derniers ont envie de quelque chose de léger, sans engagement ni contrainte. Gleeden compte 3,6 millions de membres dans le monde. La plupart ont une éducation supérieure, beaucoup sont des CSP+, et il y a plus d’hommes que de femmes (60 % vs 40 %), comme sur tous les sites de ce type… Les femmes ont toujours plus de mal à franchir le pas, même si finalement, les chiffres à la connexion sont équilibrés étant donné qu’elles ont accès au site gratuitement. Les hommes, eux, doivent prendre des crédits pour pouvoir commencer à discuter avec une femme. Nous avons choisi ce système pour ne pas avoir à proposer d’abonnement – ce qui rendrait nos membres repérables... Quand leur carte est débitée, « Gleeden » n’apparaît bien sûr pas sur leur reçu et nous changeons le libellé régulièrement afin de ne pas éveiller les soupçons.



Justement, Ashley Madison avait fait scandale quand ses données utilisateurs avaient été étalées sur la place publique. Comment protégez-vous les données de vos inscrits?

S.P. C’est très simple : nous n’en n’avons pas ! Un inscrit ne fournit qu’un pseudo et une adresse mail qu’on conseille de créer spécifiquement pour le site. Donc si nos données sont piratées, ce qui sortira ce sera des pseudos type « Bouille d’amour » ou « Big Kiss » et des mails bidons. Nos membres sont aussi protégés sur la plate-forme elle-même car il n’est pas possible de voir la photo du visage de la personne correspondant au profil sans avoir fait de demande spécifique. Il y a aussi un mode « discret » qui permet de relooker l’appli pour lui donner l’apparence de Facebook.



Mais l’application est visible dans le téléphone des utilisateurs?

S.P. Oui. C’est un sujet sur lequel nous travaillons… Nous voudrions la faire apparaître comme une calculatrice par exemple, et un code permettrait de l’ouvrir. Notre problème, c’est qu’Apple n’accepte pas que l’on change l’apparence de notre application et la plupart de nos téléchargements viennent d’iOS. Mais en réalité, beaucoup d’utilisateurs utilisent le site mobile et effacent leur historique pour éviter ce problème.



Pourquoi avoir installé vos bureaux à Miami?

S.P. Parce que les deux cofondateurs de Black Divine, la maison mère, ont beaucoup de projets aux États-Unis, donc nous travaillons de là-bas. Gleeden est d’origine française mais est présent partout dans le monde même si notre communication est centrée sur l’Europe. L’application a aussi été lancée en Inde récemment et ça marche plutôt bien.

Chiffres : 

3,6 millions de membres dans le monde 

2 millions de membres en France

Tranche d’âge des inscrits de 35-50 ans

15 % des inscrits sont célibataires

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