Depuis 33 ans, la Nuit des publivores a fait découvrir à des générations de publiphiles les perles mais aussi les désopilants fours du patrimoine mondial de la production publicitaire. Un travail de joyeuse évangélisation qui pourrait pourtant bientôt connaître son épilogue.

En effet, aux prises avec des difficultés financières et judiciaires en Suisse, pays où il s'est installé voilà sept ans pour des raisons d'assurance, Jean-Marie Boursicot, le créateur de la Nuit des publivores, craint de voir sa cinémathèque, comptant plus d'un million de films publicitaires du monde entier, vendue aux enchères.

Biens sous séquestre

Ses différents avec les autorités suisses proviendraient de litiges relatifs au règlement de l'assurance suite à une inondation survenue en 2008 et ayant provoqué la disparition de plus de 120 000 films dans ses archives.

Depuis mars 2013, tous les biens de Jean-Marie Boursicot ont été séquestrés. «Cela représente un manque à gagner de 40 000 à 55 000 euros par mois", lance l'intéressé, qui réalise 80% de ses recettes via l'organisation de la Nuit des publivores (160 événements par an à travers le monde) et 20% avec les ventes de droits pour diffusion aux chaînes de télévision.

En quête de partenaire

«On me pousse à la faillite pour vendre à bon compte le fonds de ma cinémathèque», se désespère-t-il.

La Cinémathèque suisse et la chaîne privée locale Rouge TV seraient sur les rangs, selon lui. «Aux enchères, la mise à prix serait de 110 000 francs suisses [environ 90 000 euros] avec un prix de vente final attendu de 300 000, alors que le prix réel du fonds est estimé à 10 millions d'euros!», peste Jean-Marie Boursicot qui, à 60 ans, cherche désespérément un ou des partenaires pour le sortir de ce mauvais pas.

Outil de promotion du métier

«Il faudrait 700 000 euros pour régler le dossier, ajoute-t-il. Au vu de ce patrimoine inestimable qui s'enrichit tous les ans de 25 000 nouveaux films venus de tous les pays, la somme n'est pas démesurée», assure-t-il.

Parmi les personnes contactées par ce dernier pour trouver des soutiens, Jacques Séguéla. Le vice-président d'Havas veut y croire: «Il suffirait de mobiliser une dizaine d'agences pour régler la question. La Nuit des publivores est tout de même un formidable outil de promotion de notre métier à travers le monde».

L'œuvre d'une vie

Mais, en dépit des soutiens d'estime qu'il peut recueillir, aucune solution sonnante et trébuchante ne semble se profiler. Il est vrai aussi qu'au-delà de l'aspect patrimonial et sentimental de l'affaire, Internet a sensiblement changé la donne... et la valeur de son fonds.

En attendant un sauveur de dernière minute, Jean-Marie Boursicot, qui ne peut imaginer l'œuvre de sa vie lui échapper, a déjà calé la prochaine Nuit des publivores à Paris pour le 11 janvier 2014 au Grand Rex. La précédente édition remontait à novembre 2011. 

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