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Après les Etats-Unis, la start-up déploie en Europe, et notamment en France, son système de notation des médias en ligne. A l’appui, neuf critères de crédibilité et de transparence pour tenter de lutter contre la désinformation sur internet.

Comme l’application Yuka a fait bouger les lignes de la consommation alimentaire, Newsguard va-t-il réussir son pari face aux infox ? Fondée en mars 2018 aux Etats-Unis par le journaliste Steven Brill et Gordon Crovitz, ancien éditeur du Wall Street Journal, la start-up se déploie ces jours-ci en Europe. Après le Royaume-Uni, l’Italie et l’Allemagne, Newsguard s’est lancée en France, le 22 mai, à quatre jours des élections européennes. « Face à la désinformation et aux fausses informations, beaucoup de choses se font déjà, comme le fact-checking. Mais celui-ci intervient a posteriori, et c’est impossible de fact-checker toutes les informations qui circulent. D’où l’idée de quelque chose de complémentaire, qui permette aux lecteurs d’avoir une idée du genre de site visité », explique Chine Labbé, éditrice de Newsguard pour la France.

D’ores et déjà, une soixantaine de sites français sont notés selon neuf critères de crédibilité et de transparence : fiabilité des articles, respect des règles déontologiques, rectification des erreurs, distinction information/opinion, titres non-fallacieux, transparence sur l’actionnariat du média, distinction claire entre l’éditorial et la publicité… Les sites sont notés sur 100 points : ceux obtenant plus de 60 points sont labellisés en vert (Le Figaro, Cnews.fr, L’Obs…), les autres en rouge (RT France, Sputnik France…). « L’idée n’est pas de distribuer des bons points mais de signifier au lecteur les sites qui respectent des standards de journalisme. Beaucoup de gens partagent sur les réseaux sociaux des articles provenant de sites de désinformation sans le savoir. En leur donnant cette information, ils réfléchiront peut-être à deux fois avant de le faire », avance Chine Labbé, ancienne journaliste de Reuters.

Une équipe de 35 salariés

Vert ou rouge, le badge obtenu par chaque média apparait ensuite à côté des résultats dans les moteurs de recherche Google, Bing et Qwant pour les internautes qui ont installé le plug-in Newsguard. Il est aussi apposé à côté des liens partagés sur Facebook et Twitter lorsqu’ils sont consultés depuis les principaux navigateurs, mais pas au sein de leur application mobile. L’internaute peut ensuite cliquer sur le label pour voir sur quels critères le site pèche et pour lire plus en détail les analyses de Newsguard. Pour l’occasion, la start-up s’appuie sur une équipe de 35 salariés et sur plusieurs dizaines de pigistes. Sept personnes composent l’équipe française, dont la directrice exécutive de l’école de journalisme de Sciences Po, Alice Antheaume, conseillère éditoriale de Newsguard en France.

La start-up, dont le modèle économique repose sur l’utilisation sous licence de ses notations par les navigateurs et les plateformes internet, peut compter sur des soutiens de poids : parmi les membres de son conseil consultatif figurent le co-fondateur de Wikipedia, Jimmy Wales, ou encore l’ancien premier ministre du Danemark, Anders Fogh Rasmussen. Et si les deux fondateurs détiennent la majorité du capital, le groupe Publicis fait partie des principaux investisseurs minoritaires. Mais silence radio sur la part qu’il détient. La transparence a ses limites.

 

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