Mobilis in mobile
Dans la nouvelle chronique Mobilis in mobile, chaque semaine pour Stratégies, Stéphane Distinguin, président de Fabernovel, analyse la transformation numérique. Aujourd'hui: les Gafa seront-ils vraiment les maîtres de la ville de demain?

Qui est plus puissant que les Etats-Unis, connaît une croissance supérieure à celle de la Chine et représente chaque année en chiffres d’affaires un montant supérieur au PIB du Danemark? Qui sait conclure nos questions les plus secrètes avec ses premiers mots, connaît à chaque instant notre position précise, sait anticiper la livraison d’un produit qu’on n’a pourtant pas encore commandé? Qui cherche des espaces pour innover avec les coudées encore plus franches, annonce la création de «plex» mégalos, d’aéroports, de stations flottantes dans les eaux internationales? Qui est le plus capable d'inventer et opérer la ville de demain?

 

Les Gafa - Google, Apple, Facebook et Amazon - sont déjà les acteurs de référence de la ville du futur: ils nous promettent voiture sans conducteur, livraison par drones et nous administrent déjà smartphone et applications comme vademecum urbain. Alors, utopie ou dystopie?

 

D’abord, les Gafa apporteront aux villes ce qu’ils ont de meilleur, de plus fort, et tout acteur de la ville, des élus aux entreprises, doit plus s’en inspirer pour agir. L’obsession des utilisateurs et de leur expérience en premier lieu. Quelle ironie pour tous ces opérateurs de services urbains qui se battent depuis vingt ans pour abandonner la notion d’usager pour celle de client!

 

Puis la connectivité d’un maximum de points de contact avec l’utilisateur qui, associée au «machine learning» (le vrai truc derrière le buzzword «big data»), devient un moteur d’innovation et avantage concurrentiel sans limite. Et, enfin, au delà de ses utilisateurs, comme à San Francisco, cette capacité des Gafa à attirer et «occuper» les meilleurs talents de la «creative class» théorisée par Richard Florida. Ils sont l’or et le sang neuf que les villes du futur vont se disputer.

 

Mais celui qui a marché dans Paris le 11 janvier 2015 et pensé (aussi) au baron Haussmann sait qu’une ville, une vraie, c’est bien trop beau et compliqué pour être l’affaire de quelques années et d’un type d’acteur unique quand bien même ils seraient visionnaires et bienveillants.

 

Charge à nous de construire ce que les Gafa seront incapables de faire. Un rapport à l’espace qui, lui, ne connaît pas la loi de Moore. Un mètre carré fera toujours un mètre sur un mètre dans dix-huit mois. La diversité sociale aussi, les cars qui déservent Mountain View, caillaissés par les banlieusards sur leurs trajets, vous en parleraient mieux que moi. La gouvernance enfin. Qui sera le maire des algorithmes de la GAFA City?

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