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Le premier site de «networking» professionnel au monde a profité de la récession. Il enregistre un million de membres supplémentaires tous les douze jours. Interview de son directeur Europe, Kevin Eyres.

Sept ans après sa création, à quel stade de son évolution se situe Linked In?

Kevin Eyres. Linked In compte 65 millions de membres à travers le monde, dont 15 millions en Europe et 1 million en France. Le rythme de sa croissance est exponentiel puisqu'on recense un nouveau membre chaque seconde. Les perspectives de développement sont intéressantes au-delà des États-Unis, d'où proviennent la moitié de nos membres, puisque l'Inde, par exemple, enregistre l'un des rythmes de croissance les plus élevés, avec 5 millions de membres. Les données dont nous disposons sur le profil de nos membres prouvent qu'il s'agit généralement de «high level profiles» [profils haut de gamme]. Le revenu moyen de nos inscrits est de 107 000 dollars: 78% proviennent d'universités ou de grandes écoles, 42% sont des dirigeants, et leur âge moyen est de quarante-trois ans. Et douze millions de nos membres sont des chefs de PME.


Quel bilan tirez-vous de l'année 2009? Avez-vous souffert de la crise?

K.E. La récession mondiale a provoqué l'afflux de nouveaux utilisateurs à la recherche d'emploi. Plus d'un milliard de visiteurs ont effectué une recherche sur Linked In l'an dernier, et le nombre de posts liés à la recherche d'emploi a quasiment triplé. La société est profitable depuis 2007 et nous continuons d'embaucher: nous compterons 850 salariés cette année. Nous savons pouvoir disposer d'un marché potentiel de 500 millions de professionnels, selon les données de l'Organisation internationale du travail. Avec les applications pour Iphone et Blackberry, Linked In est désormais accessible de partout. À tout moment, vous savez que vous pouvez trouver l'expert qu'il vous faut et obtenir une réponse à une question précise.

 

Une certaine opacité règne sur votre chiffre d'affaires et vos revenus… Quel est votre modèle économique?

K.E. Nous disposons de trois sources de revenus, comptant à parts égales dans notre chiffre d'affaires: les abonnements en mode premium, qui permettent par exemple d'envoyer plus de messages; la publicité, puisque la base d'utilisateurs de Linked In n'a pas d'équivalent en matière de découpage sectoriel et de niveau de CSP; enfin la recherche de talents, puisque 51% des entreprises utilisent Linked In pour recruter. L'offre payante représente une toute petite part de nos utilisateurs. Le réseau est optimisé pour une utilisation gratuite.

 

Ce mode de recrutement et de «networking» n'est-il pas trop impersonnel, trop virtuel pour être réellement efficace?

K.E. Nos membres proviennent de 200 pays et de 150 activités différentes… C'est à ce jour l'outil le plus efficace qui ait jamais existé pour gérer son réseau professionnel. Clairement, on peut dire que le CV a perdu toute son utilité, nous en sommes à l'ère du CV 2.0. Avec Linked In, les membres ne se contentent pas d'envoyer des courriers ou des courriels sans recevoir de réponse. Ils bénéficient d'une véritable interconnexion, d'un vrai échange, à la fois avec leur futur employeur ou employé, mais aussi avec des cadres de l'entreprise ou du professionnel qui les intéresse, et grâce auquel ils peuvent obtenir plus d'informations avant de prendre une décision. Derrière l'écran peut se construire une véritable interface relationnelle, permettant à terme d'opérer les meilleurs choix professionnels. Chaque conversation compte ou comptera.

 

Linked In a puisé quelques idées du côté de Facebook et Twitter, notamment sur le microblogging…

K.E. Nous sommes très différents de Twitter, qui offre uniquement une solution de microblogging, et qui le fait très bien. Quant à Facebook, des professionnels y sont effectivement en relation, mais il s'agit généralement d'une gêne pour les utilisateurs. Vous ne savez rien de ce qui se passe dans l'économie ou dans votre activité sur Facebook, à la différence de Linked In. Facebook est avant tout un site de loisirs, Linked In est un site de «networking» professionnel. La différence est nette et précise.

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