radio
La directrice déléguée de RFI a dû conduire, dès son arrivée, un plan social et mène la fusion entre la radio et France 24 dans un contexte social tendu.

Geneviève Goëtzinger, directrice déléguée de Radio France internationale (RFI), est de celle qui offre quasi invariablement un visage avenant. Elle-même se définit ainsi: «Je pratique une forme d'autorité souriante.» La mise élégante, elle reçoit dans son bureau de la Maison de la radio, où trône un cheval aux couleurs vives, «rapporté du Mali», précise-t-elle.

À la fin de l'année, les équipes de RFI quitteront la Maison Ronde pour les anciens locaux de HP, à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), afin de se rapprocher de France 24 dans le cadre de la fusion des deux médias, qui devrait être effective en juillet 2011. Un déménagement est toujours un traumatisme pour les salariés et un moment délicat pour les managers. Pour Geneviève Goëtzinger, ce serait plutôt une bénédiction: «Nous avons de la chance de partir de la Maison de la radio, très vieillotte. Les nouveaux locaux seront d'une grande modernité technologique

Geneviève Goëtzinger affiche, en toute circonstance, une certaine tranquillité. «Après la fusion, nos marques demeureront», rassure-t-elle. Depuis son arrivée à la tête de RFI, en juillet 2008, elle a appris à garder son sang-froid. Cet ancienne journaliste politique a fait l'essentiel de sa carrière au sein de cette radio, avec laquelle elle avoue «une relation très affective». Elle y dirige la rédaction en français, puis, après un passage comme directrice adjointe de France Inter, puis comme directricegénérale adjointe de l'information et des antennes de RFI, elle est nommée, en 2008, directrice déléguée de cette dernière par Alain de Pouzilhac. «Ce qui a guidé mon choix, c'est son passé de journaliste dans une maison où cette profession compte – avec les techniciens – pour 75% des effectifs», observe celui-ci, qui la qualifie «d'élève douée qui apprend le management».

«Dure au mal»

Pour Geneviève Goëtzinger, c'est le baptême du feu. Peu de temps après son arrivée, en janvier 2009, la direction lance un plan de réduction des effectifs touchant deux cent six postes. Un mouvement social s'ensuit, qui durera près d'un an. La directrice déléguée est en première ligne. «La pérennité de l'entreprise était en jeu», rappelle-t-elle. Avec les représentants du personnel, le dialogue est terriblement tendu. «Les comités d'entreprise étaient extrêmement houleux», se souvient Martine Paris, directrice des ressources humaines de RFI. Du côté des syndicats, les avis sont implacables. «[Geneviève Goëtzinger], c'est Martine à la plage, ou un simple soldat qui applique tout sans état d'âme», accuse Maria Afonso, déléguée FO, très hostile à la direction. Nina Desesquelle, déléguée SNJ, lui emboîte le pas: «Malgré la crise, elle a trouvé un rôle qui ne la met pas en danger. Elle est dans la séduction, mais ce n'est qu'un fusible.» Plus mesuré avec la direction, Marc Thiébault, délégué CFDT, lui reconnaît «des facultés d'adaptation et une certaine solidité, dans un contexte où elle a été très attaquée». «Elle est dure au mal, confime Alain Pouzilhac. C'est quelqu'un qui m'a toujours dit la vérité. À la manière d'une journaliste qui va sur le terrain.»

Geneviève Goëtzinger ne le cache pas: «Cela a été difficile, mais je suis fière de notre bilan. Il fallait remettre l'entreprise en état de marche.» Pour l'heure, elle multiplie les rendez-vous avec les salariés et mène «une approche pédagogique de la fusion». Tout en sourire.


Dates clés

21 mai 1961. Naissance à Paris.
1984. Diplômée du Centre de formation des journalistes (CFJ).
1989. Entrée à Radio France internationale (RFI).
2003-2005. Directrice de la rédaction en français de RFI.
2005-2006. Directrice adjointe de France Inter, directrice de la rédaction.
2008. Directrice déléguée de RFI et directrice générale de Monte-Carlo Doualiya (ex-RMC Moyen-Orient).

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.