Quatre-vingts pour cent des salariés sont pour une modification du congé de paternité.

Le 7 juin dernier, l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) remettait un rapport au gouvernement préconisant la création d'un congé paternité facultatif d'un mois, en complément du congé maternité actuel de seize semaines.

 

Le jour même, l'institut LH2 et l'agence-conseil en RH Équilibres publiaient une étude sur la paternité en entreprise. Ont répondu au questionnaire 11 928 salariés, avec au moins un enfant à charge, de neuf entreprises différentes.


Pour ce qui est de la répartition des tâches, 48% des hommes déclarent s'occuper de leurs enfants à temps égal avec leur conjointe, ce que corroborent ces dernières (46%). Des chiffres certes encourageants, mais les clichés ont encore la vie dure dans certains foyers puisque 46% des femmes annoncent s'occuper de leurs enfants seules, contre seulement 6% des hommes.

 

Différence de considération

Neuf catégories de responsabilités parentales ont été mises en avant par LH2 et, pour chacune d'entre elles, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à déclarer s'en charger quotidiennement. Ces différences sont peu importantes dans ce qui est défini comme la «parentalité relationnelle» (échange, dialogue, dîner en famille, etc.). C'est en effet dans ce domaine que les pères s'impliquent le plus.

 

Mais pour ce qui est de la «parentalité active» (bain, préparation des repas, accompagnement des devoirs, etc.), les femmes sont en moyenne près de deux fois plus à être impliquées quotidiennement dans ces tâches. Seulement 54% des hommes déclarent assumer au moins une des fonctions de la responsabilité active quotidiennement, alors qu'ils sont 69% parmi ceux qui se déclarent «égalitaires» (les 48% cités plus haut).

 

Parmi les salariés qui considèrent que leur travail les empêche de consacrer plus de temps à leur famille, hommes et femmes trouvent différentes justifications. Les hommes mettent plus en avant des difficultés factuelles (charge de travail, responsabilités, horaires, etc.) alors que les femmes sont plus nombreuses à accuser des pressions sociales, voire morales (peut nuire à la carrière, crainte des critiques des collègues, etc.). Ces résultats illustrent combien persiste encore une différence de considération entre hommes et femmes et surtout une inégalité d'accès aux postes à responsabilités.

 

Les hommes ont plus tendance à parler du sujet avec leur hiérarchie quand l'entreprise aborde l'équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle. Ils sont 23% à en avoir discuté quand l'entreprise n'aborde pas le sujet et 49% à l'avoir fait quand leur société lance un débat sur ce thème. Côté attentes, les hommes aimeraient bénéficier dans leur entreprise de services facilitant le quotidien comme une crèche d'entreprise (35%) et de possibilités d'assouplir l'organisation de leur travail (29%).

 

Les salariés, hommes comme femmes, sont nombreux à attendre une évolution légale du congé de paternité. Ils sont 80% à vouloir au moins un changement. Dans le détail, 67% des hommes (74% des femmes) souhaitent qu'il soit allongé et 52% (57%) qu'il soit rendu obligatoire.

 

Toutefois, parmi les personnes souhaitant l'allongement du congé de paternité, 73% des hommes (71% des femmes) souhaitent qu'il le soit de deux semaines ou moins.
Enfin, on peut noter que les personnes interrogées citent le fait d'aider la mère comme première justification de la modification du congé de paternité. Les pères sont donc encore vus, quel que soit le sexe du sondé, comme une aide aux côtés de la mère.

 

Parole d'expert

 

Erwan Lestrohan, chef de groupe département Opinion institutionnelle chez LH2

 

«Dans la pratique, les responsabilités parentales, surtout celles qu'on peut qualifier de responsabilités actives, sont prises par les mères salariées. Ceci est cohérent avec le fait que ces responsabilités sont les plus chronophages et que les femmes sont beaucoup plus nombreuses à organiser leur temps de travail en amont pour mieux gérer leur vie parentale. Elles sont 80% à le faire contre 20% chez les hommes. Là encore, on peut faire le lien avec les causes mises en avant comme étant celles qui empêchent de consacrer du temps aux responsabilités parentales. Les hommes sont en effet plus nombreux (63% contre 55% pour les femmes) à citer les horaires de travail.»

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