Initialement annoncée pour début 2009, la radio numérique terrestre pourrait enfin voir le jour cette année. Deux camps s’affrontent. Parmi les opposants au projet, Christopher Baldelli, patron de RTL. Face à lui, Jean-Eric Valli, président des Indés Radios.

Christopher Baldell, président du directoire de RTL

 

Sa position

Opposé au lancement de la RNT, il invoque l'absence de modèle économique viable. Dans une interview accordée aux Echos en février dernier, le patron de RTL explique que, pour renouveler le parc très important des récepteurs radio, il faudra «une incitation très forte» en termes d'offre, comme avec la TNT, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, la bande FM parisienne disposant déjà, par exemple, de 58 stations. «La RNT, cela signifie des coûts de diffusion réguliers supplémentaires et, en face, aucune recette.»

 

Ses alliés

Denis Olivennes, patron d'Europe 1, Alain Weill, PDG de Next Radio TV, et donc de RMC, et Jean-Paul Baudecroux, fondateur du groupe NRJ. Réunis au sein du Bureau de la radio, les patrons des quatre réseaux privés nationaux estiment que les conditions économiques ne sont pas réunies pour lancer la RNT aujourd'hui. Ils privilégient une numérisation de la radio par le protocole Internet (IP), que ce soit sur ordinateur ou smartphone.

 

Ses atouts

Les groupes RTL, Lagardère Active, Next Radio TV et NRJ représentent ensemble une audience cumulée de plus de 75%, soit presque 40 millions d'auditeurs par jour, pour une part d'audience de plus de 50%. Sur le plan publicitaire, leur part de marché frôle les 80%, selon Kantar.

 

Ses faiblesses

Accusé par le camp adverse de freiner toute nouvelle forme de concurrence, Christophe Baldelli ne juge pas «raisonnable» d'accroître l'offre de radios en France. Sera-t-il à la RNT ce que Patrick Le Lay, de TF1, fut à la TNT? En Belgique, en revanche, RTL et NRJ se sont mis d'accord, avec la RTBF (Radio télévision belge francophone) pour lancer la RNT.


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Jean-Eric Valli, président du GIE des Indés Radios et du groupe Sud Radio

 

Sa position

La RNT va dans le sens de l'histoire et, contrairement à la radio sur IP, elle permet de conserver le caractère anonyme, gratuit et accessible partout de la radio. Pour l'auditeur, elle offre une qualité sonore supérieure et permet d'associer des données au son. Enfin, elle devrait renforcer la diversité radiophonique «dans une économie proche de celle d'aujourd'hui», estime-t-il.

 

Ses alliés

Le Syndicat interprofessionnel des radios et télévisions indépendantes (Sirti), qui demande au Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), depuis plusieurs mois, de délivrer les autorisations d'émettre aux 136 stations sélectionnées en 2009 à Paris, Marseille et Nice. Ce pourrait être le cas cette année. Egalement favorable à la RNT, le président de Radio France, Jean-Luc Hees, qui y voit le moyen de déployer sur l'ensemble du territoire les sept stations du groupe public.

 

Ses atouts

Après l'Allemagne l'été dernier, plusieurs pays européens, dont la Belgique et les Pays-Bas, prévoient de lancer à court terme la RNT. La Norvège a d'ores et déjà fixé l'arrêt de l'analogique à janvier 2017. La multiplication de ces expériences à l'étranger pourrait jouer en faveur d'un lancement prochain en France.

 

Ses faiblesses

Malgré huit millions d'auditeurs quotidiens pour les Indés Radios, difficile de peser en termes de lobbying face aux quatre poids-lourds de la radio française. Mais cela n'impressionne pas Jean-Eric Valli. «On est en train de démarrer la RNT sans autorisation, comme on a fait pour la FM en 1981», juge-t-il. A moins que le CSA n'en décide autrement.

 

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L'arbitre : le CSA

 

Une première étape a été franchie fin 2011 avec le lancement d'un appel à candidatures pour un bouquet payant de radios en RNT. Un projet qui n'a convaincu ni Christopher Baldelli ni les radios indépendantes. Nouveau rebondissement mi-mars: le quotidien Les Echos affirme que le CSA devrait annoncer à la fin du mois sa décision de donner les autorisations d'émettre en RNT aux stations qui avaient été présélectionnées en 2009 à Paris, Marseille et Nice. Un premier feu vert que devrait compléter dans les mois qui viennent un autre appel à candidatures pour vingt nouvelles zones. Mais les indépendants restent prudents. Ils ont déposé un recours au Conseil d'Etat.

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