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Cristina Romero (directrice internationale de Elle Décoration et Coproduction) et Sylvie de Chirée (directrice de la rédaction de Elle Décoration et Art & Décoration) reviennent sur les grandes tendances de la décoration internationale.

Pour lancer un magazine de décoration aujourd'hui, doit-on se conformer à des standards internationaux?

Cristina Romera. Non, je ne crois pas: si Elle Déco a su se décliner dans la monde, avec 25 éditions, c'est parce qu'il a adapté un concept global à chaque pays, avec des équipes 100 % locales. Lorsque nous nous réunissons avec les responsables des éditions internationales, plusieurs fois par an, nous avons coutume de dire que Elle Déco doit être «beautiful et useful», beau et utile, avec une touche d'éclectisme à la française. Notre prochaine édition sera lancée aux Philippines en octobre 2013.

 

Existe-t-il, globalement, une uniformatisation des goûts en matière de déco, comme c'est le cas dans le domaine textile, avec le développement de marques comme H&M ou Zara?

Sylvie de Chirée. L'envie de modernité, de meubles pratiques, le goût pour le design sont communs à tous les pays. Mais les goûts sont avant tout conditionnés par les espaces: on ne se trouve pas dans les mêmes problématiques de décoration lorsqu'on vit dans 20 m2 à Tokyo, que lorsqu'on dispose de grands volumes en Afrique du Sud... De plus, il n'existe pas autant de grandes enseignes, partout présentes dans le monde, dans la décoration que dans le textile. Hormis Ikea qui, par ailleurs, développe des produits spécifiques à ses marchés locaux, citons quand même Roche Bobois, qui jouit d'un beau rayonnement international ou encore Designers Guild, producteur anglo-saxon de papiers peints.

 

Existe-t-il un goût français qui se ditinguerait des autres cultures?

S. de C. La culture des arts décoratifs est née en France, et a influencé des courants étrangers comme le style gustavien en Suède, par exemple. Le décorateur est un concept français. Ici, le meuble est inspiré par la décoration, alors qu'en Italie, le meuble est influencé par les architectes. Lorsque nous nous réunissons avec les autres éditions de Elle Déco, on remarque que les Russes vont être attirés par les pièces historiques, alors que les Japonais vont sauter sur les designs très ingénieux. L'esprit français, lui, se définirait plus par le mélange de pièces rares, anciennes avec des pièces contemporaines, l'absence de «total look».


Quelles sont, aujourd'hui, les tendances lourdes de la décoration: matières, tendances, formes?

S. de C. En 2012, on a assisté à un grand courant de réédition de pièces vintage: les grands éditeurs permettent de redécouvrir des pièces historiques de Jean Prouvé ou de Charlotte Perriand. Par ailleurs, on remarque un courant consistant à détourner les matières premières: béton allégé, bois gonflable, marqueterie en Formica. On essaie aussi de donner des effets 3D aux revêtements muraux: certains éditeurs se sont ainsi inspirés des techniques de la corsèterie afin de donner un côté «push up», du volume aux murs. Enfin, on constate, parallèlement au marché grand public, au design pour tous, un retour de l'artisanat d'art, dans la grande tradition française, avec des designers qui fabriquent eux-mêmes leurs créations: un jeune designer va travailler l'orfèvrerie afin de réaliser un lustre, un autre va travailler les vitraux, etc.

C.R. Les grandes tendances se définissent dans les grands rendez-vous comme le salon Maison et Objet, du 18 au 22 janvier à Villepinte, et surtout le salon de Milan, en avril, durant lequel toute la ville vit au rythme du design. Nous y remettons d'ailleurs un prix, les Elle Déco International Design Awards (EDIDA).

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