Talent à suivre
Il aura fallu 19 ans à l'artiste plasticienne avant de toucher du doigt sa passion. Élevée dans une famille férue d'art, elle vibre pour les défis et les détournements.

«Avant de devenir artiste, je ne savais pas ce qu’était une passion. Tant qu’on n’y a pas goûté, on ne peut pas comprendre». À la voir, le mythe de l’artiste mélancolique seul dans son atelier est balayé. En plein emménagement, il grouille de monde. Emmanuelle Rybojad, elle, court partout. Cette boule d’énergie a trouvé dans ses œuvres un moyen de dépenser ce surplus. «Je suis une originale, fofolle mais pas folle», plaisante-elle. La jeune femme avoue être devenue artiste par accident. Pourtant elle n’est pas étrangère à ce milieu. Petite, elle se promène de vernissage en vernissage rue Mazarine avec son beau-père, fin connaisseur qui lui transmet «l’amour de l’art», confie Emmanuelle Rybojad, dont le frère est par ailleurs réalisateur et dont le père œuvre dans la photo.

Déclic

«Un jour, avec mon beau-père, on craque sur un tableau après une exposition. Le frein pour l’acheter n’était pas le prix, ni la taille, mais tout simplement la place : les murs manquaient.» Emmanuelle Rybojad, à tout juste 19 ans, décide de plancher sur une solution. Premier essai avec une sculpture de Bernar Venet, issue de sa collection personnelle. «Je me suis dit que ça serait vachement plus cool de la mettre à l’intérieur d’une table en verre avec des miroirs en dessous pour la mettre en perspective.» Adepte du détournement, elle aime tromper le regard. Autant dans son art que dans la vie de tous les jours. Il n’est pas toujours facile de se faire respecter en affaires, qui plus est quand on est une femme de 27 ans. «J’aime déstabiliser. Parfois je m’habille super jeune, super girly, du coup, aucun ne s’attend à mes conditions. Le business, c’est comme un jeu et j’aime les défis.» Comme ce jour où une cliente lui demande de créer une LED d’une couleur qui n’existe pas. Au lieu de refuser, elle se lance tête baissée dans ce projet audacieux, qu'elle finit par relever.

Premières fois

En déplacement à New York pour la préparation d’une exposition, l’artiste plasticienne reçoit un appel de Guerlain. La maison lui annonce le lancement en mars du rouge à lèvres Rouge G. Malgré des deadlines très serrées, il est impensable pour l’artiste de décliner la collaboration. Néons de bouches, cœurs à l'infini, couleurs flashy, les œuvres sont exposées à la boutique Guerlain des Champs-Élysées et ce, jusqu’en novembre. Autre première, dès septembre, la plasticienne sera présente à l’Opéra Gallery de Paris. Pas blasée pour un sou, Emmanuelle Rybojad avoue être toujours autant impressionnée par le lieu lorsqu'elle y retourne. 

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