Ressources humaines
Le groupe télécom est à la fois sur le point de dévoiler sa promesse employeur et de signer un accord sur la transformation numérique. Un New Deal social.

Le 13 juin prochain, l’opérateur télécom Orange va dévoiler officiellement sa promesse employeur mondiale, sorte de nouveau contrat social entre le groupe, ses 155 000 salariés (96 000 en France) et les 6000 personnes qui vont le rejoindre (en CDI) dans les quatre prochaines années. «Dans le cadre de notre plan 2020, nous avons comme but d’offrir une expérience client incomparable, avec cette promesse employeur, il s’agit de proposer une expérience salariée à l’avenant», explique Jérôme Barré, le nouveau DRH d’Orange (lire ci-dessous). Pour bâtir cette promesse employeur, le patron des ressources humaines a organisé des ateliers qui ont mobilisé 1000 salariés du groupe en France et à l’international, avec comme objectif de répondre à cette question: «Travailler chez Orange aujourd’hui, ça veut dire quoi?» Si les détails de ce nouveau contrat social ne seront livrés officiellement que le 13 juin, il est possible d’en deviner les contours.

«Nous voulons réussir à personnaliser la relation qu’Orange entretient avec chaque salarié», explique le DRH. Cela s’inscrit dans l’objectif d’Orange de devenir un employeur de référence: «Nous sommes le premier employeur numérique de France, nous avons un rôle modèle à tenir», dit Jérôme Barré. Et justement, le groupe est sur le point de finaliser un accord sur l'accompagnement de la transformation numérique (74 pages): un dernier round de négociations se tient actuellement avec les organisations syndicales (elles ont démarré il y a plus d’un an). «Orange serait le premier groupe à signer un accord sur ces sujets», relève le DRH.

Au cœur des discussions, il y a le big data RH, c’est-à-dire l’utilisation des données personnelles des salariés pour leur offrir de nouveaux services… Un sujet juridique et très technique auquel peu de groupes français se sont encore frottés. «Nos positions sur le sujet vont faire école», se targue le DRH. Il y a par exemple la question de l’utilisation des données personnelles: «Elles peuvent permettre d’optimiser les services, par exemple cela peut consister à importer le profil Linked In des salariés dans nos bases de données, poursuit Jérôme Barré. Avec ces informations nous pourrions leur proposer des offres d’emploi plus affinées au sein de l’entreprise. Nous avons posé comme principe, la protection des données personnelles et la transparence, c’est-à-dire qu’un salarié doit savoir de quelles données l’entreprise dispose sur lui. Dans le cadre des négociations actuelles nous allons réaffirmer l’opt-in, le droit de modifier des données, et approfondir la question du droit à l'oubli.» Comme le groupe est précurseur sur ces thèmes, il est confronté à des problématiques nouvelles: «Les organisations syndicales veulent être rassurées sur le fait qu’un manager mal intentionné ne pourra pas utiliser ces données pour surveiller un collaborateur», poursuit le DRH.

Egalement en négociation dans le cadre de cet accord sur le numérique, le droit à la déconnexion: «Il faut que cela soit possible, mais sans être une obligation», note Jérôme Barré.

Nouveaux chantiers

Par ailleurs, un accord sur l’évaluation de la charge de travail est en phase de finalisation avec les organisations syndicales: «Il s’agit d’estimer les charges de travail, en définissant ce qu’est une surcharge ou sous-charge, détaille le directeur exécutif en charge des RH. Dans un contexte où le digital automatise les tâches simples, et où, du coup, les collaborateurs ne conservent que les missions complexes.»

Dans le cadre de son projet de nouvelle offre de banque, les ressources humaines tentent par exemple d’évaluer en amont la charge de travail des projets dans cette nouvelle organisation. En particulier la «charge cognitive», c'est-à-dire l'implication intellectuelle requise.

Autre chantier qui vient de démarrer: celui de la reconnaissance. La moyenne d’âge des salariés d’Orange est de 49 ans, du coup le groupe doit à la fois offrir des fins de parcours intéressantes à ses collaborateurs les plus âgés et des perspectives de progression aux jeunes qui le rejoignent.

Enfin le DRH a un atout de taille à mettre en avant en tant qu’employeur: son climat social est aujourd’hui apaisé. 93% des salariés sont fiers de travailler chez Orange (contre 92% en juin 2015) et 87% recommandent leur entreprise comme une société où il fait bon travailler (contre 86% en juin 2015), selon les résultats du dernier baromètre social dévoilés en janvier 2016. Tout comme la qualité de vie au travail au sein d’Orange comparée aux autres entreprises progresse: 62% considèrent qu’elle est meilleure que dans les autres entreprises (VS 59% en juin 2015). «Enfin en plein conflit social actuel contre la loi travail, nous comptons moins de 1% de grévistes chez Orange», conclut Jérôme Barré.

Les salariés mobilisés pour l’Euro

800 collaborateurs d’Orange travaillent depuis quatre ans sur les moyens de retransmission depuis les dix stades vers l'International Broadcast Center (IBC) pour l'ensemble des chaînes de télévisions du monde. Il faut dire que Orange est fournisseur officiel de l’Euro. Ses collaborateurs sont également mobilisés pour l'installation des réseaux WiFi destinés au staff et aux journalistes dans les stades.

En plus, 200 collaborateurs sont chargés de la mise en place de la connexion 3G et 4G dans les stades ainsi que des infrastructures et du wifi dans les fan zones comme celle des Champ de Mars à Paris.

L’Euro sert aussi à fédérer les collaborateurs. Ainsi en communication interne, l’événement est largement relayé avec des reportages sur les coulisses techniques. L’entreprises a aussi distribué 700 places pour assister aux matchs à ses salariés. La Mascotte officielle de l’Euro Super Victor fera également une tournée en France sur des dizaines de lieu de travail de l’opérateur. Tout comme des centaines de salariés ont déjà pu admirer le trophée de l'Euro lors d'un Trophy Tour. 

 

 

Jérôme Barré, un pur produit Orange

Le nouveau directeur exécutif en charge des ressources humaines d’Orange, Jérôme Barré, nommé en mars dernier, a la difficile tâche de succéder à Bruno Mettling. Ce dernier a quitté son poste avec une mission accomplie : sept ans après la crise des suicides, le climat social est apaisé chez l’opérateur. Mais Jérôme Barré a des atouts pour s’imposer : ce diplômé de Polytechnique et Telecom Paris Tech  a fait toute sa carrière chez Orange où il est entré en 1985. Il pilotait d’ailleurs les négociations sur le stress, aux côtés du DRH du groupe, en 2009/2010 lors de la crise des suicides. Depuis 2011, il était directeur d’Orange Ile-de-France, chargé de développer l’activité d’Orange sur le bassin francilien. «Mon action sera dans l’extrême continuité de celle de Bruno Mettling», insiste le nouveau DRH.



 

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