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Le management version «tour d’ivoire», très peu pour elle. La présidente de Mediaprism Groupe pratique cet exercice au contact du terrain.

Déformation professionnelle? En tout cas, le mode de management de Frédérique Agnès, la présidente du groupe de communication et de marketing direct Mediaprism, est très «cash». Pas d'artifices ni de circonvolutions. Quand elle a quelque chose à dire, elle emprunte toujours le chemin le plus court: «Elle est rapide, claire dans ses prises de décisions, y compris dans la critique, elle s'exprimera sans détours avec des remarques du style: “Ça ne me plaît pas, continuez à travailler”», explique Jean-Marc Gabon, le directeur de création de l'agence, qui planche à ses côtés depuis un an.

Ses prises de décisions claquent comme celles des consommateurs, que ses équipes analysent à longueur de journées: tranchées, sans ambages. «Quand elle n'est pas contente de nous, elle le dit aussi et il n'y a pas de loups, souligne le directeur général adjoint de Mediaprism, Franck Hourdeau. Car elle a beau ne pas mesurer deux mètres de haut, ni peser cent kg, elle a une autorité naturelle. C'est assez déroutant, mais elle n'a pas besoin de dire fort les choses pour être entendue.»

Du coup, elle ne crie jamais. Inutile. «En huit années en tant directeur général adjoint de l'agence, je me suis fait recadrer à plusieurs reprises par la chef. C'est une manager à poigne, une entrepreneuse, qui ne verse jamais dans le politiquement correct», confirme Axel Dufrenoy, aujourd'hui directeur financier dans un groupe de santé.

Renvoie la balle sans hésiter

Dans son agence parisienne, située près de l'avenue Mozart, dans le 16e arrondissement, la petite soixantaine de collaborateurs – statisticiens, créatifs et commerciaux – connaît bien la partition de la dirigeante. Il faut dire qu'elle n'a cessé d'imprimer sa marque dans cette entreprise qu'elle a construite sur plans alors qu'elle avait vingt-cinq ans. Et dans laquelle, depuis 1995, elle a multiplié les extensions, pour finalement lui faire intégrer le groupe La Poste le mois dernier.

«Depuis la fondation de la société, j'ai dû me séparer de pas mal de gens, reconnaît elle. Une agence comme la nôtre ne peut pas fonctionner si les salariés ne s'apprécient pas et pour un manager, c'est terrible d'avoir quelqu'un qui fait la gueule.» Même si certains salariés sont à ses côtés depuis le premier jour. Et connaissent aussi son penchant pour la procrastination: «Elle a tendance à toujours repousser l'échéance, pour tout faire une heure avant la “deadline”. Par exemple, il y a trois semaines, elle a validé le lundi matin une plaquette de 30 pages qui devait être disposée sur le salon le mardi, relate Franck Hourdeau. Quand l'échéance est supérieure à quelques jours, ce n'est pas la peine de lui en parler!»

Pour Frédérique Agnès, donc, le management est un sport qui se pratique en temps réel et aussi sur le terrain: «Elle se déplace beaucoup pour nous accompagner chez le client», se félicite Franck Hourdeau. Et n'hésite pas à renvoyer la balle: «Quel que soit leur niveau hiérarchique, elle remercie et félicite régulièrement les gens en direct.»

 

Son parcours en bref

1991. Master de communication et de publicité.

1991. Responsable marketing direct de L'Express.

1993. Directrice du marketing direct chez Home Shopping Service.

1995. Création de Mediaprism Groupe.

Mars 2011. Mediaprism est repris à 80% par Mediapost (La Poste).

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