Patrick Jolly, cofondateur du groupe De particulier à particulier, cultive un management «start-up»… depuis près de 40 ans.

Start-up depuis 1975. Voilà ce que Patrick Jolly, patron du groupe De particulier à particulier (PAP), pourrait inscrire au fronton de l'immeuble moderne qui abrite son entreprise familiale en plein cœur du Ve arrondissement parisien. Il a eu l'idée de cofonder la société avec sa femme, Catherine Néressis-Jolly, du temps où il peinait à trouver un studio pour vivre avec cette dernière. Et il a toujours géré son entreprise comme une jeune pousse.

«Son mode de management est simple et direct, avec peu de hiérarchie, de protocole ou de bla-bla, décrit Grégoire Berthou, ex-directeur de la communication de PAP. D'ailleurs, ce manque de protocole peut être un peu perturbant au début.»

La culture de cette entreprise familiale est très liée au mode de fonctionnement du patron. Patrick Jolly est un adepte du management «by wandering around» (par l'écoute et la rencontre): «J'ai besoin de me promener dans les couloirs, d'aller voir les gens, de leur parler. Je suis issu d'une école où le management passe par le contact physique.» Une façon de tisser de vrais liens et de faire adhérer tout le monde quand il y a des virages importants à prendre, même si c'est moins simple aujourd'hui alors que sa structure compte quelque 300 salariés.

C'est justement le cas en ce moment. Le groupe devrait réaliser un chiffre d'affaires 2011-2012 en recul de 10% par rapport à l'exercice précédent (36 millions d'euros, contre 40 millions un an plus tôt). Certes, pas de quoi perdre son sang froid alors que PAP affichera un résultat net positif de 3,7 millions d'euros. Mais tout de même… La concurrence féroce des sites de petites annonces gratuites Le Bon Coin et Se loger fait rage.

Heureusement pour elle, l'entreprise De particulier à particulier en a vu d'autres. En près de quarante années d'existence, elle a su passer du papier au Minitel (3615 PAP), puis au Web, où elle a su créer un label reconnu (pap.fr). Une mue à chaque fois réussie. «Patrick a une vraie capacité à remettre en question un modèle bien établi», se félicite d'ailleurs Laetitia Caron, la directrice générale de PAP.

Transition numérique

La révolution du Minitel était sans doute plus simple: «Il suffisait d'avoir une base de données informatisée pour en profiter, l'argent était récolté par France Télécom qui nous le reversait et c'était très lucratif, se souvient Patrick Jolly. Avec internet il faut investir beaucoup, sans avoir de retour sur investissement immédiat.»

Aujourd'hui, la Toile génère 70% du chiffre d'affaires de PAP et le groupe réussit la gageure de faire payer les internautes au même prix que ses annonces imprimées (75 euros pour une annonce de vente, publiée un mois). D'ailleurs, la diffusion dans l'hebdomadaire papier est devenue une option payante en sus. Tout un symbole. Si le journal n'affiche plus qu'une diffusion de 75 000 exemplaires par semaine, pas question de s'en passer: «Cela reste un support de communication formidable pour nous», dit le patron.

L'homme du papier qui a réussi la transition numérique de son entreprise est toutefois moins à l'aise sur les réseaux sociaux. «Patrick est en train de passer progressivement la main à sa fille», précise Laetitia Caron. Pour autant, le dirigeant se donne encore quelques années avant de quitter définitivement sa deuxième maison… qui n'a rien de virtuel.


Son parcours en bref

1949. Naissance à Casablanca (Maroc).

1974. Diplômé de l'Ecole spéciale des travaux publics (ESTP) de Paris, puis responsable de chantiers pendant un an.
1975. Fonde le groupe De particulier à particulier avec sa femme Catherine Néressis-Jolly.
1987. Lance le 3615 PAP sur Minitel.
1996. Créé le site pap.fr.
2010. Lance les applications Iphone et Android.

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