Le « jogging » des années 1980 s’est mué en « running » et est devenu le sport national. Grâce à sa pratique ultra-simple, mais aussi, grâce aux nombreuses applications qui ont fleuri, axées sur la compétition.

Ah, qu’il semble loin, le temps des survêtements molletonnés ! « Le running d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec le « jogging » des années 1980 », s’amuse Alban Callet, directeur général de l’agence Tribal. « Seul point commun : on peut le pratiquer quand on veut, à la condition d’avoir des jambes et des chaussures ! Mais son nouvel essor vient avant tout du digital. »

Tous les experts s’accordent : « L’application Nike+ a fortement relancé le mouvement » estime Fanny Camus-Tournier, planneuse stratégique chez Buzzman.« Elle permet de tracker ses performances, en rendant accessibles à tous des outils de mesure autrefois plus techniques (capteurs…) ». « Ce n’est pas un hasard si Nike s’est associé à Apple pour l’Apple Watch Nike+… », remarque Alban Callet. Ce qui donne vraiment un rush d’adrénaline, c’est de bicher grâce à ses résultats. « Le running est devenu un environnement collectif et ultra compétitif. Des marques comme Nike l’ont bien compris », remarque Bruno Lee, directeur général adjoint de Sid Lee Paris.

Mais la marque au swoosh n’est pas la seule : Runtastic, Runkeeper, et Endomando ont rapidement investi les chemins du running. « Elles ont permis de sortir de l’image des quinquas qui font leur jogging, notamment grâce à un système d’autocongratulation entre coureurs », résume Fanny Camus-Tournier. Alban Callet, lui, décompose l’offre des applis running en trois temps : « La première brique, c’est le quantified self, la deuxième brique, c’est le « social » : poster la photo des chaussures pleines de boues après 10 km de course… Enfin, lorsque la communauté progresse, elle se voit proposer un coach virtuel, comme c’est le cas sur Strava ». Encore plus inventive, l’application Zombie Run fait croire aux runners qu’ils sont poursuivis par des morts-vivants assoiffés de sang.

Mais les surentraînés finissent par trouver le running trop pépère. D’où « l’émergence des applications de trail running, qui proposent des expériences de vie au contact de la nature », souligne Bruno Lee. « Ici, les marques venues de la montagne comme La Sportiva s’imposent. Salomon propose ainsi Salomon TV : les athlètes y défrichent les courses, proposent des inspirations… »

Plus surprenant, la petite reine se digitalise à toute vitesse. « Cycling is the new golf! » s’amuse Alban Callet. « Les cols blancs n’aiment rien tant que faire du « cycling » en Vallée de Chevreuse ! Souvent, la réexplosion d’un sport vient de son matériel. Et le vélo c’est comme le golf : il y a toujours quelque chose de nouveau à acheter ! Citons Rafa, marque de vêtements trois fois au-dessus des prix du marché. Son appli « Club Rafa » permet de se faire prêter un vélo, où que l’on soit, avec des parcours traçables sur GPS. »

Prochaine étape, pour ces applications qui font rimer sueur avec narcissisme ? Sans doute l’utilisation des drones-, pour se filmer en temps réel dans l’effort. Pour l’heure, une chose est sûre, selon le patron de Tribal : « le digital est au cœur des changements qui remettent les gens au sport. »

 



 

 

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