Portrait
Amir Ben Yahmed, directeur général du groupe Jeune Afrique a hérité de son père, le fondateur, du goût d’entreprendre. Il laisse le journalisme à son frère Marwane.

« Rosebud », c’est le dernier mot prononcé par Citizen Kane dans le film d’Orson Welles. Le magnat de la presse s’éteint en pensant à « Rosebud », souvenir de son enfance. Amir Ben Yahmed aussi chérit son enfance. Et notamment cette période où son père, Béchir Ben Yahmed à la tête de Jeune Afrique, leur donne à lui et à son frère Marwane le goût du journalisme et de l’entrepreneuriat. « Je suis tombé dans cet amour de la presse, de l’économie et de la politique dès que j’ai été en âge de comprendre », confirme-t-il.

Exigence intellectuelle

Son père a été secrétaire d'État à l’information d’Habib Bourguiba, en 1956, avant d’entrer en conflit avec l’ancien président tunisien. Chez lui, à Paris, défilent des hommes politiques et des businessmen importants pour l’Afrique. De cette ambiance, Amir Ben Yahmed garde une « exigence intellectuelle » réelle. Pourtant, quand il s’agit de choisir une voie, il ne se tourne pas vers la presse. Sa première expérience professionnelle a lieu à New York dans la finance. Diplômé de l’Inseec, il est courtier pour des institutions européennes aux États-Unis. Il rentre ensuite en France et fait le même métier pour son propre compte. L’entrepreneuriat le gagne. Quelques mois plus tard, son père l’incite à rejoindre l’entreprise familiale. C’est la première incursion. Amir Ben Yahmed passe dans tous les services, rédaction comprise. « Je n’y suis pas resté longtemps car mon intérêt pour le développement business d’une entreprise était déjà très fort », se souvient-il. Ainsi, il sera chargé de la diffusion, de la promotion, du contrôle de gestion etc… Son frère Marwane, lui, au contraire, prend vite les rênes de la rédaction et a le virus du journalisme transmis par Béchir.

Plan triennal

En 2001, alors que son père s’est mis en tête de rebaptiser son hebdomadaire L’Intelligent, une forme de rupture a lieu. « Les développements de l’entreprise ne me correspondaient pas totalement. Je suis donc parti faire autre chose », raconte Amir. Ainsi, il crée et dirige une boîte qui conseille les entreprises dans leur développement. C’est en 2007, alors que son père commence à prendre du recul, qu’il revient pour prendre, avec son frère Marwane, la direction. Depuis, Amir Ben Yahmed envisage son rôle comme celui d’un « dirigeant d’entreprise avec une fibre entrepreneuriale ». Il a fondé et préside l'Africa CEO Forum qui s’est tenu en mars dernier à Abidjan. « Mon père est un véritable entrepreneur parti de rien », rappelle-t-il. « Jeune Afrique Media Group est un collectif fort et talentueux. Je donne l’horizon et le cap et je fais en sorte que nous puissions le tenir. » Pour cela, Amir Ben Yahmed a fixé un plan triennal avec six priorités pour fêter les 60 ans de l’entreprise en 2020. La clé de la réussite ? « Poser une vision, savoir la faire partager, et travailler toujours plus pour tendre vers l’excellence. »

Parcours

15 octobre 1971. Naissance

1994. Diplôme de l’Inseec puis New York



1996. Retour à Paris et développement d’une entreprise de conseil.



Fin 1996. Première incursion à Jeune Afrique où il occupe différents postes dans différents services de la rédaction au contrôle de gestion.



2001. Départ de Jeune Afrique



2007. Retour au groupe Jeune Afrique comme directeur général

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