Billet

On pensait que la bataille était perdue. On avait fini par se résigner, de guerre lasse, à voir déferler les « insulter de », les « malgré que », les confusions tragiques entre futur et conditionnel, les participes passés brutalisés, transformés en infinitifs à la « Omar m’a tuer », les infinitifs à leur tour violentés, métamorphosés en participes passés. Et les anacoluthes [rupture de la construction syntaxique], maudites anacoluthes, partout, tout le temps… N’ai-je tant vécu que pour ces infamies ?, se lamentait-on chez les grammar nazis - in petto, de peur que la complainte face à un français dévoyé ne fasse instantanément passer pour un boomer confit dans la saumure. Mais une étude enquête Ipsos pour Le Projet Voltaire parue le 25 octobre montre que la préoccupation devient sérieuse : 76 % des 2 500 employeurs interrogés « se trouvent confrontés quotidiennement aux lacunes de leurs équipes » en orthographe et en syntaxe. Pour 86 % des recruteurs, la maîtrise de l’expression écrite et orale et de l’orthographe par leurs collaborateurs est fondamentale. Espérons que cela redevienne le cas dans les journaux, où les coquilles se multiplient d’année en année (sauf à Stratégies, dont les secrétaires de rédaction sont des êtres d’or et de lumière). Économies à tout crin obligent, les patrons de presse rognent trop facilement sur les premiers garants de la qualité : les gardiens de la langue.

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