Féminisme
- Allô Christelle ? C’est Emmanuel. Juste pour savoir : t’en es où de ton papier sur l’écoféminisme ? - Écoute, j’avais fait un truc bien. Bien intelligent, bien propre, bien trop… Bien trop «bien», tu vois ? Ça n’avance pas, avec tous ces «empêchés de la vérité». On tourne en rond : les gosses s’en tapent, pensent « ils sont tous pourris ! », la mode avance sans trop dire OUI. À la longue, rêver d’utopie ça fout le tournis. À me voir écrire engagée ici dans un club de 15, je me suis dit : mais vous êtes où les autres, les mecs, les patrons, les amis, les collègues ? Et j’ai préféré m’adresser directement à Vous.

Salut Vous,

 

J’ai en marre d’être la petite fille sage de la lutte. Toujours bien sapée, le verbe haut, l’irrévérence qui vous arrange, la crinière dans le vent.

2020, j’envoie tout valser, 2020, l’année des fracas, 2020 je m’accroche à ma liberté,.

Quand je dis liberté je pense dé-constructions, de vos privilèges qui nous pèsent, nous entravent, nous empêchent.

Mais putain sans vous, pas d’égalité.

Alors il faut qu’on parle, ensemble, même si cela me coûte.

Assumer nos divergences pour se mettre en cohérence.

Depuis la nuit des temps on fait des choses ensemble. Comment se fait-il que notre avenir m’inquiète autant ?

J’aimerais croire en ce couple fondateur, mais en vrai je sais que c'est un leurre.

Comme une rumeur qui gronde, mais qu'on essaye de contenir, vous nous invitez en plateau pour débattre, vous changez vos lignes éditoriales, vous modifiez vos campagnes publicitaires, tout ça pour nous faire croire que vous en êtes. Mais dans une guerre, deux camps s’affrontent. 

 

Est-ce utopiste de vouloir une société où nous serions alliés ?

J’aimerais tellement qu’on réussisse à bosser ensemble sur un nouveau modele, mais dans le fond je sais que vous ne comprendrez que les mesures extrêmes.

Alors oui, vous essayez de retourner le truc contre nous en disant qu'on exclut les hommes, mais si on réfléchit à la genèse on voit bien que c'est la dynamique inverse qui est appliquée depuis toujours. 

 

Mes armes à moi sont les mots, le mouvement et un amour inconditionnel pour notre liberté.

Quand je placarde vos murs avec mes soeurs pour dénoncer le système dans lequel vous baignez, comme un steak dans sa sauce au poivre maronnasse peu appétissante, je me fais attaquer. Attaquer dans les couloirs bien vernis de vos agences et par-derrière comme souvent vous glissez dans mes DM, pour manifester votre soutien. Soutien ? Vraiment ? Je crois que vous avez peur qu’on vous dénonce.

Entre votre culpabilité et notre volonté, on devrait se rejoindre au centre pour affronter nos responsabilités. 

 

Je me réveille le matin, avec un fonds de gerbe. La lutte n'a rien de glamour et écrase tout sur son passage.

Pour elle j'ai tout sacrifié. Et aujourd'hui ?

En face de moi, toujours autant d’hommes privilégiés et de femmes qui les soutiennent, mais pourquoi ?

Alors j’écris, ma rage, ma bile, sur mon ordi, un slam qui vient de mes tripes.

 

Ça pue l’honneur d’écrire ici, le coeur de la com en plein délit. 

Toi le décideur sans parti, l’institution économique qui s’ennuie. 

Les non actifs du genre, les dominants le coeur flétri. 

Toi qui ne nous connaît pas, mais toi qui crache avec ton écran, oui c’est pour toi que je cède ici.

 

Pourquoi tu te lèves pas?

Pourquoi tu danses pas?

Les femmes bougent

Et moi je vois rouge.

A toi, homme féministe du dimanche. Toi qui nous aimes, qui vois notre élan comme une chance.

Il manque de l’appétit, la possibilité d’une flamme dans ta bienveillance.

Tu me donnes la main dans l’ombre en pensant «pourvu que ça aille».

Tu me dis qu’on parle trop fort quand c’est toi qui chuchotes. Je bâille.

Un féministe qui dit oui, qui dit qu’il est d’accord..

Mais moi je peux pas avancer si tu dors. 

Tu parles de véhémence, 

Tu voudrais plus de nuance.

Du zèle aussi, de l’excès...

C’est le moment pour ce genre de procès?

 

Allez viens on se bat, pourquoi tu trembles?

On baise pas tous les deux mais on vit ensemble?

Allez viens on se marre.

Ce serait gai nan? Va savoir ...

Le Gai Savoir : ‘Les hommes sont volonté quand les femmes sont consentement’.

Quel furieux ennui, honnêtement?

Une femme circonscrite.

Une femme atrophiée.

Un ptit coup d’bite,

Et on éteint la télé.

On a toujours existé, 

On a jamais parlé.

Y a comme un goût de #metoo, tu ris?

Comme un goût de King Kong théorie.

Y a comme un goût d’Beyoncé quand on danse.

Comme un goût d’une putain d’espérance!

A toi, homme faible et ennuyeux, qui mets tant de grâce à te retirer du jeu.

Ne nous soumets pas à tes petites aspirations,

Et le Mâle nous nous en délivrerons. 

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