Application
La chaîne internationale prend sa place dans la francophonie économique en lançant une application entièrement dédiée à l'apprentissage du français.

« Soutenir une croissance inclusive et génératrice d’emplois » : Mohammed Rhachi, président de l’université Mohammed V, a ouvert lundi 2 mars le colloque du deuxième Observatoire de la francophonie économique à Rabat. A en juger par le nombre éminent d’universitaires et d’institutionnels, l’enjeu n’est pas encore de créer de grandes rencontres entre chefs d’entreprise ou start-uppers francophones, façon Davos, mais plutôt de creuser les fondations d’un espace linguistico-économique commun. Conférences internationales, table-rondes, colloque, programme de formation à la recherche, bourses et subventions… La dimension académique de cet observatoire initié en juin 2017 par l’université de Montréal, en partenariat avec le gouvernement du Québec, saute aux yeux.

Le rendez-vous soutenu par l'Organisation internationale de la francophonie, n’en permet pas moins de favoriser l’émergence d’une prise de conscience, alors que s’ouvrira du 14 au 20 mars, la semaine de la langue française.

Signe de l’intérêt pour cette francophonie économique, le lancement cette semaine de l’application « Apprendre le français avec TV5 Monde ». Une solution qui répond à une demande d’apprentissage du français en mobilité, à partir de 800 extraits vidéos d’émissions, et de la part d’un public de plus en plus divers. Environnement, mode, gastronomie, vie quotidienne chacun peut apprendre selon ses besoins et ses centres d’intérêt en travaillant sa compréhension orale.  « En partenariat avec la Chambre de commerce de et de l’industrie de Paris, nous proposerons dans deux ou trois mois un apprentissage spécifique sur le français des affaires à partir du Journal de l’économie, sur TV5 », souligne Evelyne Pâquier, sa directrice adjointe, en charge de la promotion et de l’enseignement du français.

 

Langue en partage

Le français de affaires ? Si la langue de Molière reste encore synonyme de culture, la mode, la gastronomie, la mode et le luxe sont aussi des business où les Français excellent. Pourtant, ce n’est pas seulement les relations avec des hommes ou des femmes d’affaires de l’Hexagone qui intéressent les défenseurs de la francophonie mais aussi les échanges entre pays francophones.

En Afrique subsaharienne, par exemple, maîtriser le français revient souvent à maîtriser l’écrit (un pays comme le Sénégal en fait sa langue administrative). Plus les enfants et adolescents sont scolarisés, plus ils sont susceptibles de parler français et donc de développer des échanges à valeur ajoutée avec d’autres pays ayant cette langue en partage. Le Maroc, notamment, s’est développé dans le secteur de la banque et de l’assurance, dans l’Afrique noire francophone. Pourtant, le français n’a pas la réputation d’être une langue utile dans les pays subsahariens : « Les meilleurs prix se trouvent en Chine, en Inde et en Turquie, donc hors de l’espace francophone », rappelle le Camerounais Michel Lobé, rédacteur en chef de Forbes Afrique. Seulement, la langue française fait parfois encore rêver. Le Canada, à travers sa province du Québec, délivre autant de visas que la France, selon Nabil Bouhajra, directeur de la zone Maghreb et Moyen Orient de TV5 Monde.

Franco-marocain, Nabil Bouhajra développe une double approche pour vendre sa chaîne aux distributeurs de sa zone : la francophonie, dans les anciens protectorats et colonies françaises, et la francophilie au Proche-Orient. Il propose donc des contenus pour des gens comprenant le français en Algérie, en Tunisie et au Maroc mais aussi la chaîne Style, par exemple, sur l’art de vivre à la française, dans les pays du Golfe. Après avoir créé un café TV5 Monde dans l’Alliance française d’Abu Dhabi, son média s’’apprête à en ouvrir trois au Maroc, notamment à l’université Mohamed V. « C’est un moyen ludique de faire en sorte que les gens connaissent la chaîne mais aussi un espace convivial pour donner envie d’apprendre la langue, sachant que le français est primordial dans la réussite universitaire : vous pouvez avoir des jeunes qui ont 19 en maths mais ne maîtrisent pas le français. Or, c’est de nouveau la langue d’enseignement universitaire dans des matières non linguistiques ».

 

Trilinguisme arabe-français-anglais

Le débat n’est plus tant par rapport à l’anglais qui est vue davantage comme une langue des affaires et d’éducation : l’élite marocaine envoie de plus en en plus, par exemple, ses enfants dans les écoles anglophones. « Le français n’a pas un rayonnement aussi attractif et nous avons un rapport opportuniste à la langue, souligne Sarah Boukri, membre de l’Institut marocain des relations internationales, on critique le système français qui n’est pas vu comme moderne, tout en tendant vers un trilinguisme, impliquant la maîtrise du français et de l’anglais ».

C'est tout l'intérêt de la francophonie économique que soutient avec force le Canada, deuxième bailleur de fond de l'Organisation internationale de la francophonie et premier financeur de TV5Monde Plus, la future application de vidéo à la demande opérée à partir des chaînes partenaires de TV5, qui sera lancée en décembre. Face à Netflix, Disney+ et les autre plateformes mondiales de streaming, la francophonie économique agit comme un protectionnisme culturel qui ne dit pas son nom. 

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