À la suite des annonces de Google concernant l’intelligence artificielle dans ses outils publicitaires, Stratégies a pu discuter en exclusivité avec Vidhya Srinivasan, vice-présidente et directrice générale chez Google Ads, sur l’accélération de l’IA en marketing.

Dans le monde du marketing, chacun avait son « algorithme », puis ça a été la course au « machine learning », et maintenant, tout le monde veut une IA. Y a-t-il de réels changements dans le monde de la publicité ?

Vidhya Srinivasan. Nous sommes convaincus que le futur de la publicité reposera sur l’intelligence artificielle. Technologiquement, on a assisté à de nombreuses avancées qui ont amené à accélérer le processus et tester les solutions à large échelle. Notre priorité consiste à aider les utilisateurs et à rester très inspirés par la manière avec laquelle ces nouvelles technologies publicitaires s’implémenteront. Nous devons aider les marketeurs à atteindre leurs objectifs de performance. Mais cela doit se faire en répondant au besoin de transparence et de protection de la vie privée des utilisateurs. Je pense vraiment que la privacy et la performance peuvent marcher main dans la main. Et c’est ce que nous tentons de faire ici, chez Google.

Il semble que l’IA s’intègre désormais davantage dans les interfaces, davantage dans le front office, que dans le back-office. Mais elle était déjà présente avant.

Oui, c’est exactement ça. Désormais l’IA est mise à portée des consommateurs et des publicitaires. La plupart des fonctionnalités que l’on voit apparaître désormais concernent les interfaces. C’est le principal changement qui fait que le résultat est davantage visible, mais pose donc la question de la mise à l’échelle.

Nous parlons beaucoup des biais de l’intelligence artificielle, et de l’importance d’employer des minorités dans la tech pour ne pas bâtir des IA discriminantes. En tant que femme dirigeante de la tech, est-ce que vous constatez concrètement que c’est si important ?

Google est une entreprise qui a à cœur de capturer tous les biais. Nous voulons développer des produits qui ne les amplifient pas. Nous tentons vraiment d’intégrer cela dans nos outils. La représentation et l’inclusivité sont des choses capitales pour nous, et nous savons à quel point elles le sont pour les marketeurs.

Mais personnellement, êtes-vous déjà intervenue dans un process ou avez eu à agir sur un biais latent ?

Ma propre règle en tant que femme, au-delà des convictions que je porte en travaillant chez Google sur l’IA, c’est de déployer largement au sein de l’entreprise une culture qui permet de développer des produits qui respectent ces valeurs. Au quotidien, je fais des choses basées sur ma propre expérience dans la tech et en tant que membre de minorités, et je tente de rester droite et ferme sur mes valeurs. C’est en travaillant sur la culture de l’entreprise avant tout que l’on réduit les discriminations dans les outils.

Quelles nouveautés publicitaires ?

Google a mis en place une approche conversationnelle pour piloter ses campagnes au sein de Google Ads. L’utilisateur peut ainsi « dialoguer » avec Google Ads pour paramétrer la campagne. L’outil résume automatiquement le site web via un outil d’IA générative, détermine une suggestion de mots-clés et peut générer un titre différent pour chaque annonce en Search. Sur la partie créative, il devient possible de générer des images ou des bannières différentes à partir du simple produit.