INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

De tous les géants technologiques, Microsoft est celui qui a adopté le plus rapidement l’IA générative. Tour d’horizon de l’état des pratiques, du marché et de l’offre de Microsoft avec Philippe Limantour, son directeur technologique en France.

Apprendre à utiliser l’intelligence artificielle est fondamental pour les entreprises, et « un écart » risque de se créer entre les plus volontaristes et celles qui le sont moins, prévient Philippe Limantour, directeur technologique de Microsoft France, dans un entretien à l’AFP. « Tous les secteurs d’activité, toutes les tailles d’entreprises et toutes les divisions se sont emparés du sujet » de l’IA dite générative, capable de répondre en langage naturel à de simples consignes ou questions, explique le responsable du géant de l’informatique. À la clé, surtout, un accès facilité à la connaissance : documents, bases de données, pages web… L’IA peut aider à « analyser, rechercher de l’information, décortiquer, structurer de l’information ».

Vecteur de la démocratisation de l’IA dans les bureaux, Microsoft intègre aujourd’hui l’IA dans ses logiciels de bureautique Office, à travers Copilot. Il s’agit d’un logiciel basé sur ChatGPT du pionnier américain de l’IA, OpenAI, à qui l’utilisateur peut demander en langage courant d’accomplir plusieurs tâches en s’appuyant sur ses documents, ses mails ou son calendrier. L’expert lui-même dit utiliser l’IA « très très largement » au quotidien et gagner « énormément de temps » dans la recherche, la veille ou la rédaction de documents. Comme concrètement, il peut demander à Copilot de « transformer automatiquement en (présentation) PowerPoint » un document texte.

Les entreprises européennes en retard

De tous les géants de la technologie, Microsoft est celui qui a adopté le plus rapidement l’IA générative, et a notamment investi en 2023 13 milliards de dollars dans OpenAI. En mars, le groupe a annoncé son partenariat avec la start-up française Mistral AI, considéré comme la start-up européenne la plus prometteuse dans le domaine. De là à faire de Microsoft un maillon essentiel de l’écosystème IA ? Le groupe compte surtout « offrir un large choix de services » avec « plus de 1 600 modèles d’IA sur la plateforme » et ainsi faciliter « la combinaison de ces différents services ».

Mais si certaines entreprises se sont lancées dans la mise en pratique de l’IA, l’Europe « est quand même en retard encore par rapport aux autres plaques géographiques » qui « vont plus vite à mettre en pratique, à tester, à essayer ». « En France, on a on a toujours eu tendance à beaucoup réfléchir avant de mettre en pratique », note Philippe Limantour. Dans ce contexte, certaines entreprises « heureusement de plus en plus nombreuses en France » ont « vraiment pris [l’IA] d’un point de vue stratégique au comité de direction » avec « un plan volontariste » et « un grand écart est en train de se creuser » avec les sociétés qui « n’ont pas encore pris ce virage ».

De la nécessité de se former à l’IA

Pour travailler avec l’IA au quotidien en limitant les risques de réponses hors sujet ou fausses, les progrès des modèles d’IA, toujours plus performants, jouent un rôle. Mais il y a « avant tout un volet d’acculturation et de formation », fait valoir le directeur technologique. Parmi les hallucinations et erreurs, si certaines sont « dues intrinsèquement au modèle », dans beaucoup de cas « on pose mal la question », fait-il valoir. « Il faut poser des questions beaucoup plus précises, donner beaucoup plus de contexte », ajoute-t-il. Une culture qui s’est améliorée, selon lui, depuis la mise en ligne pour le grand public de ChatGPT en novembre 2022.

Microsoft propose désormais des formations et travaille avec des écoles pour éduquer à l’utilisation des assistants virtuels et a annoncé mi-mars son ambition de « former 100 000 Français à l’IA générative » cette année à travers le programme « A vous l’IA ». Viennent ensuite des « garde-fous », des filtres qui permettent de contrôler qualité et pertinence des contenus générés… Et pourquoi pas bientôt une « note de confiance » émise par l’IA elle-même sur sa réponse, détaille Philippe Limantour. « Après, ça reste une IA, donc un modèle statistique et il peut y avoir des réponses qui ne soient pas celles attendues », a-t-il expliqué. Et donc « malgré tout, pour un très grand nombre de cas d’usage, il faut conserver un humain dans la boucle ».

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