Marion Ranvier œuvre au sein de la Contentsquare Foundation pour rendre les sites internet plus accessibles à toutes les personnes touchées par un handicap altérant la lecture ou la compréhension.

À défaut de lire dans le bon ordre, Marion Ranvier mène une vie bien agencée. Elle a décidé de composer avec son destin pour changer celui des autres. Atteinte d’une dyslexie « légère », diagnostiquée juste après le baccalauréat, elle a compris pourquoi elle mettait plus de temps à lire ou à travailler que les autres. Même sur internet. Elle se bat aujourd’hui au sein de la Contentsquare Foundation, pour améliorer l’accessibilité numérique, et faire en sorte que les sites web soient lisibles ou utilisables par tous. « 15 % de la population est complètement laissée de côté, constate-t-elle. Alors qu’il suffit en grande partie d’améliorer le design et l’UX des sites pour améliorer les choses. » Son engagement a été récompensé : elle a été finaliste du Prix Les Margaret 2024, dans la catégorie « Intrapreneure Europe ».

Intrapreneure

Après son diplôme de l’Inseec Lyon, elle passe quelques années à Lagardère, puis à Gulli, où elle s’occupe des licences de marques et des produits dérivés. Mais cette indépendante au large sourire veut monter sa boîte : c’est à partir de son trouble que tout s’éclaire. Elle crée « Adapte Mon Web », une start-up de sept personnes dont le but est d’aider les sites à s’adapter de manière personnalisée à toutes les personnes éloignées des conditions normales de navigation : celles qui souffrent de déficiences visuelles, de troubles cognitifs, les « dys », ou encore plus simplement les seniors. Et c’est en 2020 que sa vie change. Elle rencontre Jonathan Cherki, le fondateur de Contentsquare. À l’époque, forte d’une levée de fonds de 190 millions de dollars, la pépite française spécialisée dans l’optimisation et la personnalisation du design des sites web, vient juste de devenir licorne.

« Je voulais créer un partenariat avec lui, raconte-t-elle. Mais il m’a proposé un tout autre projet : racheter l’entreprise et créer une fondation. » L’esprit d’intrapreneuriat insufflé par le chef d’entreprise permet à cette jeune maman basée à Lyon, de conserver la vitalité qu’elle aimait avoir dans son aventure précédente. Et ce, « tout en me consacrant pleinement à la cause que je défends. Le but est d’en parler le plus possible : aux jeunes générations, aux pouvoirs publics, mais aussi aux autres entreprises », détaille Marion Ranvier. Elle veut se faire entendre. En interne, plusieurs personnes atteintes de ce genre de troubles, mais silencieuses jusque-là, la remercient de déstigmatiser la question, de lever le tabou.

La fondation Contentsquare bataille pour que chacun puisse profiter du web, que ce soit dans l’adaptation des polices, avec l’intégration de textes alternatifs dans les images ou dans le choix de certaines couleurs. « On estime que 70 % du web n’est pas accessible à tous », selon une étude de Numeum de 2019. Les synergies avec le département de Recherche et Innovation permettent de trouver de nouvelles solutions. Mais il y a encore beaucoup de travail. Si la directive européenne impose aux sites publics d’être accessibles depuis 2021, les institutions privées devront également l’être en 2025. Mais la réalité est toute autre. « Nous avons réalisé le premier baromètre de l’accessibilité numérique, et audité une cinquantaine de sites. Un seul était 100 % conformes aux règles en vigueur et plus de la moitié ne respectait pas la législation », explique-t-elle. Côté privé, seul le secteur bancaire a réalisé des efforts. Les médias et les sites d’e-commerce sont très à la traîne…

Parcours

2009. Intègre Omnes Education (Inseec U).

2013. Rejoint Gulli (Groupe Lagardère).

2018. Monte Adapte mon Web, sa première start-up.

2020. Rencontre Jonathan Cherki, rejoint Contentsquare, puis fonde la Contentsquare Fondation.

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