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C’est l’aboutissement d’une saga tech à rebondissements : Elon Musk s’empare définitivement de Twitter. Pour les médias et l’opinion publique, l’image libertarienne et extravagante du milliardaire est plutôt inquiétante pour le réseau social… Et si c’était au contraire une opportunité ?

Le réseau social Twitter, Elon Musk le connaît bien. Il l’a du reste de très nombreuses fois critiqué pour la modération de ses contenus - trop sévère à son goût. Que va devenir désormais cette puissante plateforme aux mains de ce libertarien, soutien officieux de Donald Trump ? Il y a deux semaines, l’homme le plus riche du monde avait surpris internet en annonçant détenir 9,2 % du capital de Twitter, avant de manifester son intention d’acquérir totalement l’oiseau bleu.

Dans la foulée, les actionnaires avaient adopté un texte visant à contrecarrer cette OPA. Le conseil d’administration avait alors voté que si un actionnaire possédait plus de 15 % du réseau, les autres pouvaient racheter des actions à un prix réduit, pour empêcher quelqu’un d’en prendre le contrôle.

En effet, le patron de Tesla n’avait pas caché sa volonté de changer la politique du réseau en termes de modération, partisan d’une vision très ouverte de la liberté d’expression, au risque de faire fuir les annonceurs, soucieux de leur image et de ne pas être associés à des contenus haineux ou conspirationnistes. Mais ce 25 avril 2022, Twitter a officiellement annoncé son rachat, pour 44 milliards de dollars, par l’extravagant entrepreneur.

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Cette acquisition, coup de théâtre dans le monde de la tech, fait couler beaucoup d’encre. Elon Musk n’a pas caché son projet de faire de Twitter « la plateforme de la liberté d’expression à travers le monde ». Ajoutant que cette « liberté d’expression est une nécessité pour le fonctionnement d’une démocratie ». Ce twittos aux 80 millions d’abonnés n’a d’ailleurs jamais hésité à prendre la défense des utilisateurs du site victimes de censure, ou bannis totalement.

Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur, s’est d’ailleurs empressé de réagir par voie de presse : « Twitter devra s’adapter totalement aux règles européennes » quelles que soient les orientations du nouvel actionnaire en matière de liberté d’expression.

« Elon Musk est plus malin que ce qu’il montre, affirme quant à lui Nicolas Vanbremeersch, fondateur de l’agence digitale Spintank et président du think tank Renaissance numérique. Ce ne sera pas un dictateur de la liberté d’expression. Il se soumettra aux règles, au DSA, au RGPD. » Pour cet observateur, ce rachat pourrait se révéler une véritable chance pour un réseau social qui stagne depuis des années, peine à innover et à trouver de nouvelles sources de monétisation. « Personne ne connaît pour le moment ses intentions profondes. Musk, dont on connaît les capacités à bousculer des industries - à l’instar de l’automobile et du spatial, est un stratège qui cache ses cartes par une grandiloquence médiatique. »

Dans un secteur complètement dominé par le duopole Bytdance (Tiktok) et Meta (Instagram, Facebook), l’arrivée d’un nouvel acteur, d’une nouvelle vision, peut venir challenger positivement la concurrence. « Si l’on est attentif au peu d’indications qu’il a donné, ce qu’il a dit sur la transparence de la modération et des algorithmes, de la lutte contre les fake news et les abus technologiques, est plutôt très positif », entrevoit Nicolas Vanbremeersch.

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