Naming
Entre les PME et les géants du CAC 40, les entreprises de taille intermédiaires ont mis vingt ans à trouver leur place. Reste aujourd'hui à le faire savoir. Cela commence par un changement de nom: d'Asmep-ETI, le syndicat devient le Meti, Mouvement des entreprises de taille intermédiaire.

Ne dites plus Asmep-ETI, mais Meti. Le syndicat des entreprises de taille intermédiaires ou ETI (1) a décidé de changer de nom pour devenir le Mouvement des entreprises de taille intermédiaires (Meti). «Dans nos propres entreprises, nous sommes trop conscients de l'importance de la marque pour ne pas en tenir compte pour notre organisation représentative, lance Philippe d'Ornano (photo), coprésident du Meti et président du directoire de la société de cosmétiques Sisley. Notre nouveau nom, plus simple, nous permettra d'être plus visibles et mieux identifiés», espère-t-il alors que le syndicat fête cette année ses vingt ans.

Fondée en 1995 par Yvon Gattaz, ancien président du CNPF (Conseil national du patronat français, devenu le Medef), l’Association des moyennes entreprises patrimoniales est née d'une volonté de s'attaquer à un problème propre à ce type d'entreprise: une fiscalité pénalisant la transmission. «L'augmentation, dans les années 1980, des droits de succession – 40% de la valeur de l'entreprise –, cumulée à l'ISF [Impôt de solidarité sur la fortune], a eu pour conséquence d'augmenter le nombre de ventes d'entreprise, souvent à l'étranger et avec parfois à la clé des fermetures de sites en France», regrette Philippe d'Ornano, qui rappelle un rapport de l'Union européenne selon lequel 200 000 emplois sont détruits chaque année en Europe à cause de problèmes de transmission d'entreprise. Un dossier sur lequel, depuis, le syndicat a en partie obtenu gain de cause: en 2003, les droits de succession sont en effet passés à 11%. «Contre 5% en moyenne en Europe», précise toutefois Philippe d'Ornano. 

Combler le retard sur les autres pays d'Europe

Autre chantier cher à l'association: le reconnaissance de cette catégorie d'entreprises, essentiellement industrielles et à 80% familiales, qui représentent un tiers des exportations françaises, un quart des emplois salariés de l'Hexagone et dont les sièges sociaux sont à 65% implantés hors de l'Ile-de-France. «Pour sortir de ce no man's land entre PME et grandes entreprises, nous nous sommes battus pour créer une catégorie statistique spécifiques aux ETI», explique Philippe d'Ornano. Chose faite en 2008, l'Insee ayant intégré ce profil d'entreprises dans ses données. 

Reste le sujet de fond: comment faire en sorte que la France comble son retard par rapport à ces partenaires européens? L'Hexagone ne compte en effet que 4 600 ETI, contre 8 000 en Italie, 10 500 en Grande-Bretagne et 12 500 en Allemagne. «Ce retard, préjudiciable au développement de la compétitivité française, est le résultat d'un écosystème trop longtemps défavorable à ce type d'entreprise qui s'est soldé par une hémorragie de ventes, des années 1980 aux années 2000», regrette le président du Meti, qui souhaite aujourd'hui s'appuyer sur les points forts des ETI («taille suffisante pour inspirer la sécurité, implantation locale renforçant le sentiment de proximité et capital familial favorisant des stratégies d'investissement à long terme») pour «redonner sa juste place à ce type d'entreprise».

Nombreuses initiatives en prévision

D'où l'idée de passer à la phase communication. Avec donc ce nouveau nom, Meti, conçu en interne et dont l'identité visuelle a été réalisée avec le concours des étudiants de l'école parisienne des Gobelins (un «M» blanc dans un bloc orange et le sigle «eti» détaché en gris). Et avec une nouvelle signature, «Les entreprises de long terme».

Le plan de communication sera inauguré le 11 mai lors de l'assemblée générale du syndicat, qui devra notamment entériner le nouveau nom. A l'exemple de la contribution présentée début mai sur le thème de l'apprentissage, en collaboration avec l'Institut Montaigne, suivront de nombreuses initiatives à l'adresse des pouvoirs publics et des médias, comme la présentation au début de l'été d'une étude sur le modèle de celle intitulée «Travailler ensemble dans les ETI» menée avec Sciences Po Paris ou le projet «Des usines et des hommes», une exposition itinérante de photographies réalisées dans une cinquantaine d'entreprises, qui sera lancée en septembre avec le concours de JC Decaux, de la Banque palatine et de L'Usine nouvelle.

En novembre, le congrès européen des entreprises familiales, dont la seconde édition se tiendra à Paris (après Berlin), sera aussi un temps fort de la communication du Meti, conseillé par l'agence de relations publics Olicare, dirigée par Olivia Grégoire. «L'urgence économique et sociale que connaît notre pays et les prochaines échéances électrorales nous impose d'être plus présent sur la scène nationale», conclut Philippe d'Ornano. 

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.