Réseaux sociaux
Le réseau social argue que bon nombre de non-abonnés viennent sur le site voir des tweets. Raison de plus pour leur montrer de la publicité et monétiser cette audience. Mais moins précise...

Un tweet n’est pas vu que par les twittos! C’est ce que s’évertue à rappeler Twitter. En cohérence avec ce discours, le réseau social a annoncé commencer à monétiser l’audience autre que ses abonnés en servant des publicités à tous les internautes qui viennent sur son réseau, même sans se connecter.

C'est sur son blog consacré à la publicité que le site a annoncé mettre en place «un test pour permettre aux annonceurs d'atteindre les plus de 500 millions de personnes qui visitent Twitter tous les mois pour rester au courant de l'actualité sans se connecter». Une grande partie des tweets sont publics. Donc une personne n'ayant pas créé de profil sur le réseau peut quand même les consulter. Comme quand on se retrouve sur le site Twitter après avoir cliqué sur un tweet apparu dans les résultats du moteur de recherche de Google. Ces internautes vont désormais eux aussi commencer à voir apparaître des messages ou des vidéos sponsorisées par des annonceurs publicitaires. Notons cependant que la récupération des données sera moins grande, et donc, le ciblage moins précis, puisque s'effectuant dans un univers non abonné. 

Le test se concentrera au départ sur des campagnes poussant à cliquer sur un site web ou à regarder une vidéo et le déploiement sera progressif, avec dans un premier temps «des annonceurs sélectionnés» aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, au Japon et en Australie, détaille Twitter.

Sera-ce suffisant ?

La nouvelle ravissait les investisseurs à la Bourse de New York: l'action Twitter gagnait 6,35% à 25,85 dollars vers 18H00 GMT. Mais le changement sera-t-il suffisant ? Même avec le bond enregistré jeudi, l'action Twitter reste sous le prix de 26 dollars auquel elle avait fait son entrée à Wall Street début novembre 2013. Après des débuts en fanfare, l'enthousiasme des investisseurs était rapidement retombé, remplacé par des inquiétudes sur ses perspectives de croissance. Le nombre officiel d'utilisateurs, en particulier, piétine et peine à prendre de l’ampleur: ils étaient 320 millions fin septembre, soit seulement 4 millions de plus que trois mois plus tôt. Si Twitter est devenu incontournable pour les artistes, les sportifs, les hommes politiques et les professionnels de la communication, il a reconnu cet été que ses produits étaient trop compliqués pour séduire le grand public, sans lequel son nombre d'utilisateurs ne peut pas vraiment décoller.

Simplifier les services proposés est d'ailleurs l'une des priorités affichées par le patron-fondateur Jack Dorsey, revenu récemment aux commandes. Jack Dorsey avait également répété fin octobre, en marge des résultats trimestriels, qu'il y avait, en plus des utilisateurs ayant créé un compte personnel, «plus de 500 millions de personnes» accédant au contenu de Twitter sans être enregistrées, et plus d'un milliard de visites par mois sur des sites internet extérieurs intégrant des fils de tweets. Servir des publicités à ces utilisateurs indirects «peut avoir un effet positif sur les revenus à la marge», souligne Lou Kerner, partenaire chez Flight VC et spécialiste des réseaux sociaux, tout en jugeant difficile d'évaluer à quel point l'effet de l'annonce de jeudi sera important. «Cela ne s'attaque pas à leur problème central: l’engagement des utilisateurs», prévient-il: Twitter doit «trouver comment faire pour que les gens viennent et restent plus longtemps», ce qui nécessite selon lui «un changement fondamental».

Quitte à parfois décevoir ses utilisateurs existants. Le récent affichage du flux de tweets hors de tout cadre chronologique – comme Facebook – a notamment suscité l’ire d’un bon nombre de membres de la communauté. 

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.