Dossier Communication
L'Education nationale régit de façon très rigoureuse la présence des marques dans les écoles. Toutefois, certaines arrivent à se glisser dans les classes en jouant la carte du mécénat éducatif.

Pour entrer à l’école, les entreprises doivent montrer patte blanche. L'Education nationale impose en effet de respecter le principe de neutralité dans toutes ses dimensions, y compris commerciale. Au nom de ce principe et pour lutter contre l’obésité, les fabricants de soft drinks ont ainsi perdu en 2005 le droit d’installer des distributeurs à leurs couleurs dans les écoles. L’époque où les marques distribuaient, dans le cadre de séances pédagogiques sur l’hygiène bucco-dentaire, des échantillons de dentifrice ou des brosses à dents est également révolu.

Code de bonne conduite

Les enseignants peuvent cependant recourir à des partenaires extérieurs pourvu que le cadre éducatif soit précisé, les garanties vérifiées et que cela présente un intérêt pédagogique réel pour les élèves, précise t-on sur le site du ministère de l’Education nationale. Les entreprises doivent donc faire preuve de retenue dans leur discours (pas d’autopromotion ni de slogan), la visibilité de leur marque et inscrire leur action dans le mécénat éducatif. Ces interventions font d’ailleurs l'objet d'un code de bonne conduite et exigent la signature d’une convention avec l’établissement, sous le contrôle de l’inspection d’académie.

Observant le respect de ces conditions, une poignée de grandes entreprises (EDF, Renault, Total…) communiquent auprès des écoliers sur des thèmes liés à leur activité (sécurité routière, énergie, etc.). Ainsi, Total a t-il conçu à l’intention des 4-12 ans un programme, baptisé Planète énergies, développé en version française et anglaise qui leur explique les différentes formes d’énergie et moyens de transport. Cette initiative pédagogique se décline autour d’un site internet, Planete-energies.com, dont le contenu rédactionnel et infographique a été élaboré avec l’aide d’experts d’horizons divers (CNRS, Ifri, EDF, IFP-EN, Ademe, IECD, milieu enseignant, etc.). Par ailleurs, des salariés de Total ou des intervenants extérieurs assurent des conférences. Enfin, le groupe met à disposition des enseignants des supports pédagogiques conçus avec les éditeurs Playbac et Nathan. «Nous abordons toutes les énergies, y compris le nucléaire et l’éolien par exemple, alors même que Total n’est pas présent dans ces domaines», précise t-on au service communication de l’énergéticien.

Différence France/Etats-Unis

Comme on peut s’en douter, la France encadre ces interventions bien plus sévèrement qu’aux Etats-Unis. Ainsi, l’ancien professeur de sciences John Cisna, auteur du livre My McDonald’s Diet: How I lost 37 pounds in 90 days and became a media sensation faisait jusqu’à récemment la tournée des écoles américaines avec le soutien officiel du champion de la restauration rapide. Il y dispensait aux élèves des conseils nutritionnels et leur expliquait qu’ils pouvaient manger quasi-quotidiennement frites et hamburgers sans dommage pourvu qu’ils fassent un peu d’exercice, et ce conformément au discours que tient la marque outre-Atlantique. Il a fallu que les enseignants, parents d’élèves et nutritionnistes se mobilisent pour que McDonald's renonce à soutenir les interventions de John Cisna en milieu scolaire.

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