Marketing sportif
La fusion prochaine entre le Racing 92 et le Stade français Paris est une grande nouveauté dans le monde du rugby et, plus largement, dans l’univers sportif professionnel français. C’est une décision économique qui peut avoir des conséquences industrielles.

Une bombe! Lundi 13 mars, le communiqué publié en commun par le Racing 92 et le Stade français Paris a déclenché un séisme dans le monde du rugby hexagonal. Les deux clubs parisiens du Top 14, vainqueurs des deux derniers championnats de France, ont décidé de fusionner. Une première en France. Le nouveau club issu de ce rapprochement capitalistique n’a pas encore de nom ni de couleur. Tout reste donc à inventer.

Il y a déjà l’aspect juridique. Cette fusion devrait se faire par apport d’actifs. «La répartition sera équilibrée entre les deux clubs», a assuré Thomas Savare, président du Stade français Paris lors d’un point presse. Il y a aussi l’aspect pratique, notamment le stade où évoluera la nouvelle équipe. «Les deux seront utilisés, a précisé Jacky Lorenzetti, président du Racing 92. Jean Bouin [reconstruit en 2013], mais aussi l’U-Arena, qui, je le rappelle, est plus une salle de spectacles.» La construction de l’enceinte couverte se termine à Nanterre, à deux pas du quartier d’affaires de La Défense. Le site est à la recherche de son «namer». La perspective de ne pas pouvoir toujours remplir le stade de 30 000 places lors des matchs du Racing 92 a sans doute été un élément poussant la fusion des deux clubs.

«Pas de modèle économique»

Le Stade français pourrait aussi motiver cette union par des motifs économiques. Le club subit des pertes depuis plusieurs saisons, au point que la rumeur d’une vente circule depuis longtemps. «Malgré les titres et le nouveau stade de Jean Bouin, je n’ai jamais trouvé un modèle économique qui a du sens et n’a pas besoin de mécène», lâchait Thomas Savare. Ce dernier a, par ailleurs, démenti la piste qatarie pour un éventuel rachat. «Dans un monde très concurrentiel, l’important est de pérenniser», ajoutait Jacky Lorenzetti.

Les budgets des deux clubs, une trentaine de millions d’euros, ne s’additionneront pas pour donner naissance à un géant du rugby hexagonal, à cause du Salary Cap, un montant maximum destiné aux salaires des joueurs, (environ 10 millions d’euros).

En revanche, les ressources marketing devraient être accrues, notamment grâce à «l’addition des sponsors». Si aucun partenaire majeur ne s’affiche sur le maillot des stadistes, celui des racingmen est bien rempli avec Natixis, Clarins Men, Hop… Il faudra aussi arbitrer des conflits, comme celui entre Orange (Racing 92) et SFR (Stade français), ainsi que pour l’équipementier: Coq sportif a encore cinq saisons de contrat avec Racing 92, Asics en a encore une avec le Stade français.

Nouvelle marque à construire

Enfin, outre la construction de l’équipe, qui laissera des joueurs professionnels sur le carreau, cette fusion sportive, comme dans une entreprise normale, va également comporter son volet social pour les collaborateurs des deux clubs. «Nous recrutons encore une vingtaine de personnes pour la gestion commerciale de l’U-Arena, et je suis sûr que l’on pourra les trouver dans l’effectif du Stade français», a déclaré Jacky Lorenzetti, du Racing 92.

Pour célébrer cette union, et surtout l’expliquer à des journalistes incrédules et stupéfaits, les présidents des deux clubs, Jacky Lorenzetti, pour le Racing 92, et Thomas Savare, pour le Stade français Paris, ont choisi un lieu symbolique: les jardins de Bagatelles, dans le bois de Boulogne, à l’ouest de Paris. C’est à quelques pas de là que s’est jouée, en 1892, la première finale du championnat de France, entre… le Racing Club de France et le Stade français. Les premiers l’avaient emporté lors d’une rencontre arbitrée par le baron Pierre de Coubertin.

Autant dire que les dirigeants de la future nouvelle équipe auront du pain sur la planche pour unir des supporters jusqu’alors rivaux et reconstruire une marque avec deux clubs qui, chacun de leur côté, ont autant marqué l’histoire de leur sport.

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