Le chanteur s’attaque musicalement au mythe YSL dans un «album-concept» original à la fois dans le contenu et dans la distribution.

Année 1955, Yves Saint Laurent entre comme assistant modéliste chez Dior. «J'ai un petit bureau à la droite de Dior/Dois-je dire de Dieu?», chante le dandy Alain Chamfort, qui se glisse dans la peau du grand couturier le temps d'un album (dans les bacs le 8 février). Seize «chansons-tableaux» y retracent la vie passionnante du grand nom de la mode, donnant naissance à un «opus-concept» qui fait déjà bruisser le milieu musical. En pleine crise du disque, contenu de l'album et circuit de distribution sortent en effet des schémas classiques. Un pari original qui pourrait s'avérer gagnant.

Pourquoi chanter Yves Saint Laurent? «Pourquoi pas? Cet homme a marqué notre société. Personne ne s'étonne que l'on mette en chansons de grands personnages comme Cléopâtre ou Mozart», estime Pierre-Dominique Burgaud, auteur des textes de l'album. En quelques années, cet ancien concepteur-rédacteur (passé notamment par Devarrieux-Villaret) est devenu un auteur à succès avec, entre autres, Le Soldat rose en 2006. Inspiré par le grand couturier, «Pierre-Do» se met à écrire sur YSL bien avant sa disparition. Alain Chamfort, son complice depuis 2004 avec le clip de la chanson Les Beaux Yeux de Laure, est séduit par l'idée de l'auteur. Ensemble, ils rencontrent Pierre Bergé, qui donne son accord avant la mort de son compagnon. Ironie du sort: à l'heure de sa sortie, l'album Une Vie Saint Laurent se retrouve en pleine actualité. Les seize chansons feront d'ailleurs partie de l'exposition consacrée au grand couturier qui démarre en mars au Petit Palais, à Paris.

Le Web unique canal de vente

«Faire un album plus conceptuel me paraissait une bonne idée. Les disques sont un peu dévalorisés, à présent», explique Alain Chamfort. Remercié par sa maison de disques en 2003, le chanteur a, de fait, pris conscience que le marché avait évolué et joue toujours de cette longueur d'avance.

Ainsi, côté distribution, il a confié son nouvel album au label Believe Digital. «Notre idée est de se passer du circuit physique, explique Romain Vivien, directeur général adjoint du label. À sa sortie, l'album sera uniquement disponible sur les plates-formes de téléchargement.» À partir du 16 février, l'opus sera aussi en vente sur le site Vente-privée.com au prix de 5,50 euros. Une précédente expérience sur ce site (6000 ventes du DVD en deux jours) avait valu au chanteur quelques bisbilles avec la Fnac, agacée par cette concurrence.

«Les gens ne savent plus quel est le prix de la musique. Avec cette offre, nous espérons atteindre un public populaire, bien au-delà du milieu de la mode», souligne Pierre-Dominique Burgaud. Touche finale, le projet comporte aussi un livre-album édité par Albin Michel en vente chez les bons libraires… et non plus chez les bons disquaires.

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