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Pour contacter une superstar du rugby mondial et se faire connaître des sponsors, un petit club espagnol se sert de la théorie dite des «six degrés de séparation».

C'est une opération très originale, imaginée par une agence de communication espagnole pour un club de rugby en difficulté financière, dont l'épilogue se déroulera bientôt en France. Le 21 février, sur le terrain de Mazamet, dans le Tarn, le Néo-Zélandais Jonah Lomu, phénomène du rugby mondial depuis la fin des années 1990, sorte de «Zidane du ballon ovale» par sa notoriété, devrait recevoir, s'il joue cette rencontre, une lettre. Celle-ci a été écrite voici un an par des adolescents du club de rugby de Vigo, une ville industrielle du nord-ouest de l'Espagne, durement touchée par la crise économique. Un contexte qui rend difficile la pratique d'un sport peu populaire dans un pays où le football est roi.

Pour mettre en relation les jeunes et Jonah Lomu alors qu'ils ne se connaissent pas, une idée astucieuse a été employée. Selon une théorie appelée «les six degrés de séparation», nous sommes reliés à n'importe quel autre être humain de la planète par six contacts (cf. encadré). «Si cette idée se concevait au début du XXe siècle, alors elle devrait se vérifier aujourd'hui dans nos mondes réels et virtuels hyperconnectés», explique Nicolas Murillo, publicitaire en charge de l'opération à l'agence Torres y Carrera. La lettre n'a pas été envoyée par courrier ou par e-mail. Comme l'illustre le nom de l'opération, «Mensaje en la botella», elle voyage à travers les continents dans une bouteille, clin d'œil aux navigateurs galiciens du XIXe siècle.

«En raison de la crise, des sponsors ont réduit leur aide, souligne Ramon Babe Iglesias, président du Vigo Rugby Club. Les anciens joueurs du club nous apportent un important soutien financier, mais cela ne suffira pas à long terme, nous avons besoin de trouver de nouveaux sponsors. Cette opération nous permettra de gagner en visibilité.»

L'équivalent d'un tour du monde

Depuis mars 2009, chaque «degré de séparation» a transmis la lettre. Premier degré de la chaîne, Joe Scully, un ancien joueur du club, l'apporte de Vigo à Dublin, en Irlande. «Chaque maillon décide qui sera le prochain, nous n'intervenons pas», raconte Nicolas Murillo. De degré en degré, la bouteille arrive à l'été 2009 en Nouvelle-Zélande. Au même moment, Jonah Lomu quitte sa terre natale pour signer un contrat avec le club de Marseille-Vitrolles. Résultat, la précieuse bouteille est revenue en Irlande, puis a rejoint la France, par l'intermédiaire de Jean-Luc Barthes, responsable du développement international à l'IRB (fédération internationale de rugby) domicilié dans le Tarn. «A ce jour, la lettre a parcouru plus de 42 000 km, soit l'équivalent d'un tour du monde, s'amuse Pierre Hardoin, correspondant en France du club de Vigo. Elle est allée aux antipodes, alors que Marseille et Vigo ne sont distantes que de 1 160 km.»

Pour valider les six degrés, Jean-Luc Barthes devait remettre la bouteille le 14 février, lors du match entre Mazamet et Marseille-Vitrolles. «Mais celui-ci a été repoussé au 21 février, regrette Pierre Hardoin. Or à cette date, Jean-Luc Barthes sera en déplacement. J'envisage d'autres pistes pour que la bouteille soit transmise à Jonah Lomu.» A cause de ce contretemps et de l'absence possible du Néo-Zélandais à Mazamet, le «petit monde» (voir encadré) ne pourra pas être parcouru en six degrés. «Même s'il nous en faut plus pour rentrer en contact avec Jonah Lomu, ce n'est pas un problème», conclut Nicolas Murillo.

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