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Les élections régionales, qui se dérouleront les 14 et 21 mars prochain, agitent la Toile… pour le meilleur et pour le pire.

Décembre 2009. Anne Hidalgo, tête de liste PS à Paris pour les régionales, publie sur son compte Twitter une photo laissant penser que Valérie Pécresse (UMP) est assoupie lors d'une séance du conseil régional d'Ile-de-France. Quelques semaines plus tard, le maire PS d'Angoulême compare aux «jeunesses hitlériennes» les jeunes UMP, soupçonnés d'avoir «volé» des photos de vacances sur sa page Facebook.

Dans la foulée, l'«affaire Ali Soumaré», du nom du jeune candidat PS du Val-d'Oise qualifié de «délinquant multirécidiviste» par des élus UMP, déclenche une avalanche de réactions sur la Toile. Récemment, c'était Quiveut perdredesmillions.com qui faisait parler, un site semble-t-il initié par un syndicat étudiant de droite parodiant le bilan de Michel Vauzelle, président PS de la région Provence-Alpes-Côtes d'Azur.

Observées à travers le prisme d'Internet, les élections régionales, qui se tiendront les 14 et 21 mars, peuvent paraître bien anecdotiques. Et ce ne sont pas les derniers quolibets virtuels sur les lacunes de Valérie Pécresse et Jean-Paul Huchon (respectivement têtes de listes UMP et PS en Ile-de-France) en matière de tarification des transports franciliens qui vont améliorer les choses. « La capacité de diffusion d'Internet renforce les travers de la vie politique, à commencer par la pratique des boules puantes », regrette Robert Zarader, président de l'agence Equancy & Co.

Cette communication « commando » ne manque pas d'imagination, comme en témoigne la pratique du « Google bombing » (technique de référencement visant à influencer artificiellement le classement d'une page de recherche sur Google). Dans un passé récent, Jean Sarkozy s'est ainsi vu associé à « fils à papa » et Jean-Pierre Raffarin à « gros balourd »...

« La gestion de son e-réputation passe aussi par la maîtrise de ce type de technique », reconnaît Matthieu Creux, coresponsable de l'Iforce, la cellule Internet des jeunes de l'UMP et conseiller de Valérie Pécresse. Mais selon Arnaud Dassier, conseiller Internet de l'UMP et fondateur de l'agence L'enchanteur des nouveaux médias, « les infos du Web ont finalement peu d'impact sur la réputation d'un homme politique. La dernière remonte à 2006, avec l'affaire de la société civile immobilière de Royal et Hollande ».

Toutefois, même pour ces élections régionales particulièrement atones, Internet ne peut être réduit à ces seules pratiques de potaches. « Quoi qu'on en dise, le Web est aujourd'hui l'un des principaux lieux de débat électoral. Mais il n'émerge pas dans les grands médias. Le succès d'Europe Ecologie lors des européennes était ainsi décelable sur Internet », note Benoît Thieulin, directeur de Netscouade et conseiller des listes PS d'Ile-de-France, de Rhône-Alpes et du Languedoc-Roussillon. De fait, un sondage Ifop mené à l'occasion des dernières élections européennes montrait que 56% des Français jugent Internet comme le média le plus utile pour faire son choix politique. 

Un minimum de moyens

D'où la nécessité, pour les candidats, de respecter quelques règles de base. A commencer par l'anticipation et la veille. « Travailler sur Internet, c'est d'abord mener une stratégie de “ containment ”, avec une capacité d'observer au plus près ce qui ce dit sur la Toile et de préparer des argumentaires en amont pour riposter rapidement. Quand l'info est reprise par les médias, c'est trop tard », explique Benoît Thieulin.

Sans compter que ce travail de veille est aussi un formidable outil de compréhension des dynamiques d'opinion. En somme, un moyen de disposer de groupes quali à moindre frais. Une aubaine pour les candidats aux régionales ayant peu de moyens. « En France, du fait des contraintes légales, la communication, notamment sur Internet, se résume encore à de l'amateurisme. N'oublions pas que le budget moyen autorisé d'une campagne en Ile-de-France est d'environ un million d'euros », avance Arnaud Dassier.

Or, sur le Net comme dans la vraie vie, une communication efficace nécessite un minimum de moyens. La dernière tendance du moment n'y échappe pas : la « data visualization » (mise en scène « intelligente » de chiffres et de données), illustrée dernièrement par le graphique éloquent conçu par le ministère du Travail américain sur l'évolution des pertes d'emplois aux Etats-Unis sous les administrations Bush et Obama.

Une telle technique, ouverte aux internautes, peut s'avérer d'une redoutable efficacité en terme de viralité. Mais vu son coût, autant dire que pour les régionales, le procédé n'est pas prêt de faire des émules. 

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