lobbying
Les parlementaires sont sur le point de rendre obligatoire la mention "fait maison" dans les restaurants. Une opportunité de clarifier l'offre pour les uns, une "demi-mesure" difficile à mettre en œuvre pour les autres.

Dans le cadre du projet de loi sur la consommation, les députés ont voté le 27 juin en première lecture le principe d'une appellation "fait maison" pour les restaurants. Si le texte est maintenu en l'état, les restaurateurs auront l'obligation de préciser sur leur carte qu'un plat proposé est "fait maison", c'est-à-dire "élaboré sur place à partir de produits bruts" afin de les distinguer des surgelés et des préparations industrielles réchauffées. Une utilisation frauduleuse de cette mention pourra être passible de sanctions pénales.

L'option retenue par les députés est le résultat d'un intense lobbying des organisations patronales de la restauration. Ces dernières ont voulu éviter en effet que l'appellation "restaurant" soit uniquement réservée aux lieux proposant de la cuisine "faite maison" comme initialement proposée par un amendement socialiste.

 

Le droit de savoir 

On comprend leur émoi au vu d'un sondage du Syndicat national des hôteliers, restaurateurs, cafetiers et traiteurs qui regroupe des professionnels indépendants (Synhorcat), révélant que 31% des établissements déclareraient utiliser des produits industriels. Un chiffre bien plus élevé au sein des chaînes, des franchisés et des enseignes de restauration rapide.

Au-delà de la difficulté à appliquer cette mesure, notamment au sein des nombreux établissements proposant à la fois des plats préparés sur place et des plats industriels, le texte est un signal fort envoyé au secteur de la restauration, selon Florent Chapel, directeur associé de l'agence de relations publics LG Corporate: "Le client a le droit de savoir. Cela s'inscrit dans une tendance plus générale en faveur d'un étiquetage responsable."

Un droit à l'information également défendu par le restaurateur Xavier Denamur, dans une tribune publiée le 28 juin dans Le Nouvel Observateur: "Un produit industriel peut être très bon, un plat "maison" très mauvais, la question ne porte pas sur la qualité. Il ne s'agit pas de diviser, d'opposer l'artisanat à l'industrie, mais d'informer".

C'est en tout cas, veut croire Serge Michels, vice-président de l'agence Protéines, "l'opportunité pour les industriels de faire savoir que l'on peut faire de la qualité avec leurs produits"

En attendant, le texte doit encore être examiné par le Sénat avant de revenir à l'Assemblée nationale. Or, le député-maire UMP du Touquet (Pas-de-Calais) Daniel Fasquelle, fervent défenseur du label "restaurant" et créateur du site Internet Sauvons nos restaurants, compte redéposer un amendement en deuxième lecture à l'Assemblée nationale.

"Mais les jeux sont faits. Au final, tout va se jouer sur le décret d'application, assure Thomas Marko, président de l'agence Thomas Marko & Associés. Et on peut compter sur le lobbying des industriels du secteur."

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.