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Pour diffuser la Coupe du monde de football à compter du 12 juin, la télévision met les petits plats dans les grands. L’antenne de TF1 sera dès la mi-mai aux couleurs du Brésil. Les matchs, eux, seront produits dans des normes très précises.

TF1 peut ériger une réplique de la célèbre statue du Corcovado de Rio de Janeiro au sommet de la tour de son siège, à Boulogne-Billancourt. Un mois avant la Coupe du monde de football, la chaîne, diffuseur officiel de la compétition, se met à l'heure du Brésil, pays hôte de l'événement. Depuis fin avril, l'antenne diffuse les premiers films de promotion. Dans quelques semaines, la façade de la tour TF1 passera aux couleurs du Mondial. L'antenne fera bientôt la part belle à l'événement, jusqu'au match d'ouverture, jeudi 12 juin.

«C'est une aubaine formidable, reconnait Frédéric Ivernel, directeur de la communication de TF1. Avec la Coupe du monde, TF1 revient au centre de toutes les conversations. Ce type d'événement nous permet de transmettre nos valeurs, et notre but est de placer tout le monde dans une dynamique ultrapositive.» Détentrice des droits de la Coupe du monde 2014 pour 130 millions d'euros, la chaîne programmera 28 matchs en clair, les plus importants et ceux de l'équipe de France. Pour alléger cette facture, la diffusion en payant a été sous-licenciée à Be in Sports, pour environ 50 millions.

Mais sur place, même avec 70 personnes, TF1 ne fera pas de folie. «C'est moins qu'en Afrique du Sud, il y a quatre ans, assure François Pellissier, directeur délégué de TF1 Production, en charge des sports. L'organisation sera différente. Par exemple, davantage de sujets seront montés à Paris. Il faudra optimiser nos déplacements dans ce pays immense.»

La Une installera son QG à Ribeirão Preto, où les Bleus auront leur camp de base. Trois équipes éditoriales y stationneront. Les techniciens, eux, seront à 700 kilomètres plus à l'est, à Rio, dans l'International Broadcast Center (le centre des médias) de la Fifa (Fédération internationale de football). Quant aux commentateurs, ils visiteront les aéroports locaux… Le trio Christian Jeanpierre-Bixente Lizarazu-Arsène Wenger suivra l'équipe de France. Il sera complété par le duo Christophe Bureau-Youri Djorkaeff. «Le transport est le point sensible de la logistique, confie François Pellissier. Les distances sont importantes et les trajets sont longs. Il faudra tenir compte des possibles retards d'avions et des probables embouteillages.» Du coup, pour assurer les déplacements, chaque équipe aura une journée «off» entre chaque match. A Paris, Denis Brogniart, Estelle Denis et Franck Lebœuf assureront les magazines d'après-match.

Uniformisé pour satisfaire tous les publics

Dans les stades, pour les matchs importants, TF1 bénéficiera de deux à trois caméras supplémentaires, en plus des trente-quatre installées par la Fifa. «Les douze stades brésiliens seront techniquement configurés de manière identique», indique Francis Tellier, le président de HBS, producteur du signal international des matchs du Mondial. Aux manettes, deux des huit réalisateurs officiels sont français: François Lannaud et Jean-Jacques Amsellem cohabiteront avec trois Britanniques et trois Allemands. Afin de proposer une couverture uniformisée des 64 rencontres, HBS a dressé une bible et réalisé plusieurs séminaires de travail avec les réalisateurs.

«Une Coupe du monde de football s'adresse à un public très large, pas forcément connaisseur, explique Francis Tellier. Le match ne doit donc pas être compliqué à suivre, avec le moins possible de retours sur une action passée.» Et chaque pays a ses habitudes. Aux Allemands, HBS a demandé de réaliser moins de plans de personnalités connues uniquement outre-Rhin. Les Français, eux, devront se calmer sur l'utilisation des super-ralentis. «Certaines phases de jeu ont été uniformisées, comme les séances de tirs au but, par exemple, raconte Francis Tellier. En revanche, chaque réalisateur est libre pour couvrir l'entrée des joueurs et la présentation des équipes sur le terrain. On attend là leur touche personnelle.» «On a une responsabilité, affirme François Lannaud, qui réalisera le match d'ouverture et sept autres rencontres, dont le France/Honduras du 15 juin. Il ne faut jamais être dans l'exagération et savoir rester mesuré en étant indulgent avec les joueurs.» Comme ses sept collègues, il se déplacera au Brésil avec son équipe de 50 techniciens et cameramen.

En numérique aussi

Diffuseur des 64 matchs, Be in Sports diffusera aussi les images fournies par le flux international, comme TF1. «On se démarquera en proposant, d'une part l'intégralité de histoire, et, d'autre part, en consacrant notre antenne totalement à la compétition, assure Florent Houzot, le directeur de la rédaction de la chaîne. Un match débutera une heure avant et se conclura après avec un magazine.» Au Brésil, l'équipe française d'une trentaine de personnes s'appuiera sur les deux cents collaborateurs du réseau Be in Sports, qui détient les droits du Mondial au Moyen-Orient.

La Coupe du monde s'exprimera surtout en version numérique. Plusieurs matchs, à 18 heures en semaine, devraient être regardés… au bureau. L'application My TF1 se consacrera à cette consommation particulière. Mais TF1 ira plus loin en proposant pas moins de six vues différentes pour chacun de ses matchs diffusés. Les puristes pourront alors se délecter des détails du duel entre Franck Ribéry et Thiago Silva… dans une hypothétique finale France-Brésil.

 

 

Sous-papier

Le coup de main de la FFF

Au Brésil, la Fédération française de football proposera des moyens techniques aux télévisions. Une première. L'objectif est de mutualiser les moyens de production dans un pays où les prix des prestations techniques sont flous ou trop chers. Caméras, plateaux, salles de montage et moyens de transmission seront disponibles pour les non-détenteurs de droits à Ribeirão Preto, le QG de l'équipe de France. Le FFF diffusera également en direct les conférences de presse et les entraînements des Bleus. Toutes ces prestations seront bien sûr facturées aux chaînes. Le but est de couvrir les dépenses de quelques centaines de milliers d'euros engagées par la FFF, qui cherche avant tout à optimiser les retombées médias de l'équipe de France.

 

Encadré

Qui diffusera quoi?

Diffuseur officiel de la Coupe du monde, TF1 en avait acquis, en juin 2005, les droits exclusifs pour les éditions 2010 et 2014, pour un coût respectif de 120 et 130 millions d'euros. Toutefois, pour alléger son investissement, la chaîne a revendu, pour environ 50 millions d'euros, une partie de ses droits à Be in Sports, qui proposera l'intégralité des 64 rencontres en payant. TF1 s'est gardé 28 matchs en clair, un par jour, dont celui d'ouverture, ceux des Bleus, les demi-finales et bien sûr la finale.

 

Sous-papier

La radio cherche sa voix

Préparez-vous à une déferlante de gooooooaaaaaaaallllll ! Au Brésil et en Amérique latine, impossible de dissocier le football des vocalises hystériques des commentateurs locaux. «J'ai découvert ça en 1977, lors de la couverture d'un déplacement de l'équipe de France au Brésil, se souvient Eugène Saccomano. J'ai tout de suite été fasciné par leur enthousiasme à l'antenne, leur façon d'accélérer le débit et surtout de jouer avec les tons, notamment quand il y a menace de but. C'est comme les montagnes russes.» Le journaliste, ancienne grande voix du foot sur Europe1 et RTL, s'est aussitôt inspiré de ses confrères. Sa gouaille et sa manière de jouer avec les intonations sont devenues sa marque de fabrique. «La seule chose qui est difficile, c'est la vitesse de débit, explique-t-il. Pour commenter vite, l'espagnol est plus adapté que le français.»

«Apporter l'image que les auditeurs n'ont pas»

L'influence des commentateurs sud-américains est réelle. Mais les journalistes français défendent leur style. «Je m'enflamme beaucoup, notamment quand la balle approche du but, mais il faut faire attention aussi à ne pas survendre un but ou une action, dit Jean Rességuié, commentateur du ballon rond sur RMC. L'important est de proposer un rythme et surtout de décrire le match afin d'apporter l'image que les auditeurs n'ont pas.» L'exotisme des journalistes brésiliens, argentins ou colombiens ne séduit pas tout le monde. «C'est plus un show qu'un commentaire, estime Jacques Vendroux, directeur délégué aux sports de Radio France. Pour commenter avec passion il n'est pas nécessaire de monter dans les tours.» Au Brésil, Jacques Vendroux fêtera sa 10e Coupe du monde en commentant les matchs de l'équipe de France pour France Info, reprise en simultané sur France Bleu. RTL, Europe1 et RMC seront également du voyage. Quatre radios et autant de tons afin de contenter tout le monde.

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