Bon gré mal gré, à tous les étages de l'entreprise, le sujet de la transformation digitale agite réunions et conversations. Le sujet est si prégnant que Sciences Po, en partenariat avec Havas, vient d'ouvrir un executive master dédié aux nouveaux enjeux du numérique et intitulé Digital Humanities. Objectif: «permettre à des professionnels de repenser leur organisation, leur environnement et leur métier pour faire du digital un levier de décision, d'action et de transformation». Sur le sujet, les publications (livres, études, analyses...) ne manquent pas. Pour s'y retrouver, voici une sélection.
Une nouvelle ère
Gilles Babinet, multi-entrepreneur du numérique et ex-président du Conseil national du numérique et Thierry Jadot, PDG de Dentsu Aegis Network France, sont catégoriques: nous assistons à l'émergence d'une nouvelle économie, d'un changement de paradigme. Dans L'Ere numérique, un nouvel âge de l'humanité(Le Passeur) pour le premier et dans L'Eté numérique. Les Huit révolutions digitales qui vont transformer l'entreprise (Débats publics) pour le second, l'heure n'est plus aux questions mais à l'action.
Un facteur de croissance
L’utilisation des services bancaires en ligne a été multipliée par trois ces six dernières années. La croissance attendue de la vente en ligne de biens de grande consommation entre 2013 et 2015 est de 56%. L'augmentation potentielle du résultat opérationnel de la grande distribution grâce au développement d'une expérience client multicanal est estimée à environ 12%. Les voyageurs français sont 62% a avoir utilisé Internet pour préparer un voyage en 2013...
Ces données, tirées de l'étude McKinsey baptisée «Accélérer la mutation numérique des entreprises : un gisement de croissance et de compétitivité pour la France», illustrent, selon le cabinet, le décalage qui s’est créé entre l’adoption du numérique par les particuliers et un basculement qui se fait attendre pour les entreprises. Un impératif urgent donc, source d'opportunités, sachant que l'augmentation brute potentielle du résultat opérationnel pour une entreprise qui réussit sa mutation numérique est évaluée à 40% contre -20% pour une entreprise qui ne parviendrait pas à s'adapter au numérique.
Un moyen d'améliorer l'expérience client
Dans Transformation digitale : cinq leviers pour l'entreprise (Pearson, sorti le 3 octobre), les consultants Michaël Tartar et David Fayon présentent ces cinq leviers: les produits et services, les technologies et l'innovation, le personnel, l'organisation, et l'environnement. Ils y décrivent aussi les cinq profils d'entreprises établis en fonction de leur transformation digitale: les «attentistes», les «impressionnistes», les «externaliseurs», les «intégrateurs» et les «transformateurs».
Parmi les «attentistes», regroupant le plus grand nombre d’entreprises, on trouve toutes celles qui s'y mettent un peu tard, parfois trop tard, comme Kodak. Les «impressionnistes» manifestent une intention mais sans réellement passer à l'acte: on décèle bien vite chez eux les «coutures» entre les différents canaux (comme la Fnac). Les «externaliseurs», eux, préférent jouer la carte de la filialisation comme la SNCF avec voyages-sncf.com. Mais à un moment donné se pose la question de rendre l'ensemble lisible pour le client. Les «intégrateurs» privilégient plutôt l'acquisition de compétences digitales pour les internaliser (par exemple Casino qui a racheté Cdiscount). Et enfin, les «transformateurs», les bons élèves dont les modèles sont Google et Facebook, résolument orientés bénéfice client.
Une source de bien-être au travail
L'étude du cabinet Roland Berger menée auprès de 505 entreprises de plus de 50 salariés confirme les conclusions de McKinsey: les sociétés les plus matures sur le plan du numérique ont enregistré une croissance de leur chiffre d'affaires six fois plus élevée que celle des entreprises les moins matures. Elle souligne aussi que les salariés des entreprises plus avancées dans leur transformation numérique y sont davantage heureux, présentant un indice de bien-être professionnel 50% plus élevé que dans celles moins avancées. Or la majorité des entreprises françaises se contente encore d'un socle d'usages basiques et sont attentistes à l'égard du numérique (moins de 30% utilisent des données en ligne, 15% ont développé une application mobile et 13% des interfaces de programmation).
Et aussi : le rapport «The 2014 State of Digital Transformation» du cabinet Altimeter Group; «3e baromètre digital marketing» de Valtech et Adobe; Le tsunami numérique. Education. Tout va changer ! Etes-vous prêts ? (Stock) d'Emmanuel Davidenkoff
