- La vision de Sony
Le public était venu en apprendre un peu plus sur la PlayStation 5. Sony lui a présenté une voiture, et même une voiture au niveau de Tesla. Choc ! Un « One more thing » à la Apple, le roi de la petite surprise de fin de keynote, en carrément plus ambitieux. La Sony Vision-S – clin d’œil à la Tesla Model S ? – ne sera probablement pas produite, l’industrie automobile étant bien trop risquée. En réalité, cette auto est une vitrine à l’échelle 1 de ce que sait faire le Nippon. Soit, dans le cas d’une voiture moderne, vraiment beaucoup de choses. On comprend qu’il devait y avoir un côté frustrant à fournir certains organes vitaux aux fabricants des voitures les plus hypes... mais de devoir rester dans l’ombre, car simple prestataire B-to-B. Alors voilà, Sony sort du bois et montre qu’il sait faire une voiture avec ses propres technologies. Parmi elles, les capteurs ToF (pour « time of flight sensor ») qui modélisent des scènes en 3D ou les capteurs d’images CMOS (dont Sony est n°1 mondial), les deux étant utiles à la conduite autonome. Côté habitacle, Sony a aussi le savoir-faire : sur la partie hardware, avec les dalles tactiles et systèmes audio qu’il fabrique lui-même. Et bien sûr les contenus, le Nippon étant l’une des principales majors du cinéma, de la musique et des jeux vidéo avec ses branches Sony Pictures, Music et Interactive. Même si la marque s’est appuyée sur plusieurs partenaires pour son prototype – tels que Bosch, BlackBerry ou Nvidia –, il démontre que s’il voulait il pourrait, lui aussi, faire une Tesla.
- L’envol de Hyundai
Si l’on vous demande de citer une marque automobile innovante, vous citerez le fameux Tesla. C’est en tout cas ce qu’avait conclu Y&R Paris en 2018 avec son baromètre BrandAsset Valuator. Toyota et ses voitures hybrides venaient en 2e, Audi et ses e-tron en 3e, mais aucune trace du coréen Hyundai et de ses voitures pas franchement connues pour véhiculer une « auto emocion », comme disait Seat. Nouvelle preuve que l’ère numérique/électrique peut rebattre les cartes de l’industrie, Hyundai a lancé un pavé dans la marre au CES de Las Vegas en présentant un robotaxi volant autonome, qui équiperait de surcroît le futur et ambitieux service Uber Elevate. Celui-ci prévoit de créer un réseau de « skyports » sur des toits d’immeubles. Cette « voiture » volante, qui ne ressemble hélas pas à la Delorean mais à un mix d'hélicoptère hyper design et d'énorme drone, ne manquera pas de relever la considération pour la marque. Réputée en retard sur les nouvelles mobilités, celle-ci a récemment multiplié les partenariats avec des start-up dont Aurora ou Aptiv, et a annoncé fin 2019 2 milliards de dollars d’investissements. Voilà donc le bon Hyundai catapulté sur la grille de départ d'un incroyable grand-prix aux côté de marques d’une toute autre planète telles que Boeing, allié à Porsche sur ce marché, et Airbus ! Ainsi va le sud-coréen, 5e fabricant auto mondial, déterminé à être acteur de la « mobilité intelligente » avec sa division Urban Air Mobility. À sa barre : Jaiwon Shin, ex-ingénieur de la Nasa.
- Le renfort de Ford
Dans la série des marques qui sortent des sentiers battus, Ford et son robot humanoïde Digit. Le constructeur, pionnier de l’automobile mais très en retard sur l’électrique – il s'y est seulement mis à la fin 2019 avec sa Mustang Mach-E – n’est pourtant pas à la traîne sur tous les fronts. Pour séduire la clientèle B-to-B – et chemin faisant, s’offrir une vague de RP soulignant sa capacité à innover – l’Américain a profité du CES pour en dire plus sur cet étonnant robot, développé en réalité en partenariat avec la start-up Agility Robotics. Si Ford a été impliqué dans le projet, c’est bien la start-up qui le commercialise, et le fabricant auto en est le premier client. L’ambition de la firme de Detroit est d’équiper des véhicules de livraison autonomes – ses utilitaires sont les plus vendus en Europe depuis plusieurs années – et d’assurer la livraison de colis (jusqu’à 18 kilos) sur le pas de la porte. Imitant la physionomie humaine – à l’exception de la tête, absente ! – ce robot est bardé de capteurs, dont le coûteux Lidar, le système le plus évolué pour les voitures autonomes. Si le « dernier kilomètre » est une problématique bien connue des professionnels de la livraison, celui des cinquante derniers mètres est encore plus épineux. C’est à cette problématique qu’entend répondre Ford. L’autre exploitation possible de Digit se situe en amont, dans un entrepôt. De quoi imaginer des chaînes logistiques automatisées de bout-en-bout ? L’idée de Ford est de créer un système de livraison taillé pour Digit – bien que sa « flotte » ne compte pour l’heure qu'à peine deux humanoïdes –, incluant une base de données contenant les préférences de livraison des clients. La question est de savoir si Ford compte créer une marque autour de ce service de livraison, et afficher le logo Ford sur ces drôles de livreurs mécaniques.
- La ville Toyota
C’est bien connu, construire une ville vaut mieux qu’un long discours. Parce que le secteur automobile connaît plusieurs bouleversements de front, le japonais Toyota a décidé, pour bien expliquer sa vision, de bâtir une ville entière au pied Mont Fuji ! C’est que les nouvelles mobilités ne se résument plus à un moteur et à quatre roues... Woven City, prévue en 2021, sera un laboratoire à taille réelle entièrement alimentée par des piles à hydrogène. Cette cité, dont le maire est une IA prévoit trois niveaux de voies : celles des véhicules autonomes pour traverser rapidement la ville, un niveau secondaire pour les mobilités personnelles, et enfin des zones piétonnes. De quoi inspirer la ville de Paris ? D’une superficie de 700 000 mètres carrés, elle logera 2 000 résidents membres de ce focus group géant. Pour les visiteurs, Woven City sera un showroom à ciel ouvert, concession automobile au stade ultime.
