Commerce
Les boulangeries vont pouvoir être ouvertes sept jours sur sept grâce à une dérogation du ministère du Travail. Un choix que dénoncent ouvertement les artisans boulangers.

Les boulangeries vont pouvoir être ouvertes sept jours sur sept grâce à une dérogation du ministère du Travail, a indiqué mardi 17 mars la Fédération des entreprises de boulangeries, invoquant la forte demande des consommateurs en pleine crise sanitaire pour justifier cette mesure à laquelle s'opposent les artisans boulangers. «Nous avons obtenu une dérogation permettant d'ouvrir les boulangeries sept jours sur sept pour permettre la vente de pains sept jours sur sept et répondre à l'énorme demande» des consommateurs confinés à domicile, explique Matthieu Labbé, délégué général de la Fédération des entreprises de boulangerie, à propos des conséquences de l'épidémie de coronavirus qui en vient même à mettre en danger Internet.

Jusqu'à présent, une loi quasi-centenaire prévoit que les boulangers ferment au moins une journée par semaine en France. «Nous avons vu arriver des gens voulant acheter 50 baguettes d'un coup, il y a comme une psychose chez certains. La dérogation permettra aux Français de pouvoir acheter du pain sans stress chaque jour», complète-t-il. «Nous sommes approvisionnés largement en farine, levure et sel, il n'y a aucun problème pour produire du pain», assure-t-il également, admettant néanmoins des problèmes d'accès aux masques de protection pour les boulangers confrontés à la clientèle. «Dans certaines régions, on manque de masques, nous avons des appels réguliers avec le gouvernement sur le sujet», précise-t-il.

Les intérêts des industriels pèsent lourd

La Fédération représente 33 000 points de vente de pain frais en France, dont 26 000 artisans boulangers. L'afflux des demandes a eu lieu essentiellement dans les points de vente proches des centres commerciaux alimentaires, pris d'assaut par les consommateurs avant les annonces de confinement par le gouvernement. Chaque Français consomme en moyenne 135 grammes de pain par jour, contre environ 400 grammes dans les années 50. Le 5 mars, les artisans boulangers avaient dénoncé la volonté de la FEB -au sein de laquelle les poids lourds du secteur, notamment les industriels du pain et des terminaux de cuisson, pèsent lourd- d'obtenir une ouverture des boulangeries sept jours sur sept, un vieux combat.

«Les industriels du pain se drapent dans la liberté d'entreprendre pour, en réalité, tenter de développer, encore un peu plus, leur part de marché en sacrifiant au passage les entreprises artisanales de boulangerie pâtisserie dont l'effectif est modeste», indiquaient alors les artisans boulangers dans un communiqué. Ils craignent la «mort certaine et à court terme des boulangers dont la taille ne permet pas d'ouvrir 7 jours sur 7 (vie sans repos intenable, charges de personnel insupportables…)».

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