Numérique
Au troisième trimestre, les trois géants américains ont réalisé des chiffres d'affaires en forte hausse, tant sur le plan publicitaire pour Google et Facebook qu'en matière de biens et services vendus en ligne aux particuliers et aux entreprises pour Amazon.

Les trois géants du numérique que sont Amazon, Google et Facebook, ont encore profité à plein, au troisième trimestre, de l'envolée du commerce en ligne et du télétravail depuis le début de la pandémie de Covid-19. Le chiffre d'affaires d'Amazon, qui dit avoir créé 400 000 emplois depuis le début de l'année dans le monde, s'est envolé de 37% sur la période juillet-septembre, pour atteindre 96,1 milliards de dollars, détaille un communiqué publié le 29 octobre. Le bénéfice net a lui triplé sur la période, à 6,3 milliards de dollars.

Alors que les mesures de confinement ont rendu Amazon encore plus populaire et omniprésent dans la vie quotidienne de millions de personnes, les recettes tirées de la vente de ses articles sur internet ont progressé de 38% tandis que la vente d'articles d'entreprises tiers utilisant sa plateforme a augmenté de 55%. Avec l'essor du télétravail, les entreprises et particuliers ont aussi accru l'utilisation des services de cloud, comme celui proposé par Amazon, AWS, dont le chiffre d'affaires a augmenté de 29%. «S'il était clair que le passage au commerce électronique lié à la pandémie maintiendrait à un niveau élevé le chiffre d'affaires d'Amazon, le groupe a surpris en dépassant facilement une barre déjà élevée», a commenté Andrew Lipsman, analyste au cabinet eMarketer.

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De son côté, Alphabet, la maison mère de Google, a vu ses revenus publicitaires rebondir de juillet à septembre après les mois de confinement, y compris sur sa plateforme de vidéos YouTube. Il a engrangé un chiffre d'affaires de 46,2 milliards de dollars, en hausse de 14% sur un an, pour un bénéfice net de 11,2 milliards. «Nous nous attendions à une reprise des recettes publicitaires sur tous les segments, et elles ont dépassé nos estimations, a commenté l'analyste Nicole Perrin du cabinet eMarketer. C'est particulièrement vrai de YouTube, dont les revenus publicitaires ont progressé de 32% sur un an. Cela augure du retour des marques et montre que le désir des annonceurs pour la vidéo ne faiblit pas. On observe aussi des augmentations notables dans les dépenses en pubs politiques pendant le trimestre écoulé.»

Au printemps, le leader mondial de la publicité en ligne avait trébuché, avec un bénéfice net inférieur à celui de 2019, à cause de son exposition aux budgets publicitaires de gros annonceurs durement touchés par la pandémie, comme les voyagistes. Pour Sundar Pichai, le patron d'Alphabet et de Google, c'est la preuve de l'appréciation des clients et utilisateurs pour «les investissements réalisés dans l'intelligence artificielle et les autres technologies, afin de fournir des services vers lesquels les gens se tournent en cas de besoin, au quotidien ou en période de crise».

«Pulsions de démantèlement»

Enfin, Facebook a récolté 21,47 milliards de dollars de revenus, essentiellement publicitaires, au troisième trimestre, et dégagé 7,85 milliards de bénéfice net, malgré un boycott de centaines de marques pendant l'été à cause des controverses autour de sa modération des contenus jugés problématiques. Au 30 septembre, plus de 3,2 milliards de personnes fréquentaient, au moins une fois par mois, l'une de ses quatre plateformes et messageries (Facebook, Instagram, Messenger et WhatsApp). Tous ses décomptes d'utilisateurs sont en hausse de 12% à 15%, alors que certains analystes envisageaient une légère baisse pendant l'été après des mois de confinement très propices aux usages en ligne. Plus d'1,8 milliard de personnes vont sur Facebook tous les jours dans le monde à ce stade.

«Facebook a bien rebondi après le resserrement initial des dépenses publicitaires au début de la pandémie, quand les annonceurs ont retiré leurs campagnes de tous les médias pour revoir leur message ou faire des économies. Ils ont bien récupéré aussi du boycott en juillet, a réagi Debra Aho Williamson, autre analyste chez eMarketer. Malgré les défis posés par les tensions électorales et la modération des contenus, la plateforme reste un emplacement privilégié pour les annonceurs qui veulent atteindre une large base de consommateurs.» «L'ironie, c'est que les résultats robustes attendus pour les GAFA (...) vont mettre en lumière leur puissance surdimensionnée, et, au final, (...) alimenter les pulsions de démantèlement des géants de la tech à Washington», a récemment fait valoir l'analyste Daniel Ives de Wedbush Securities.

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