Environnement
La neuvième édition du Vendée Globe, qui a démarré le 8 novembre, témoigne de la vague écologique qui a envahi le monde de la voile. La pratique n’est pourtant pas nouvelle et n’a pas fini de prendre de l’ampleur.

Vous ne le saviez peut-être pas mais les 33 skippers qui ont pris le départ du Vendée Globe depuis les Sables d'Olonne le 8 novembre dernier étaient, pour la plupart, un peu plus que d'excellents marins. «Les skippers ne sont plus juste de bons navigateurs, ce sont des ingénieurs, des scientifiques», explique Réjane Hervé, membre de la Commission océanographique intergouvernementale de l’Unesco. Un certain nombre de ces sportifs de haut niveau sont ainsi engagés pour la protection de l'environnement. 

Laboratoire ambulant

Les skippers équipent désormais leur voilier de laboratoire permettant de récolter des données sur les fonds marins. «On ne peut pas juste dire qu’il faut nettoyer les océans, il faut avoir suffisamment de connaissances pour ne pas dérégler la chaîne écosystémique», précise Vinicius Lindoso à la communication de la Commission océanographique de l'Unesco.

Ainsi, le skipper Fabrice Amedeo a embarqué sur ce Vendée Globe vingt kilos de matériel scientifique, et cela dans le but d'analyser les microplastiques sur le parcours à l’aide de filtres à changer quotidiennement. L'Anglaise Samantha Davis ou encore l'Espagnol Didac Costa sont quant à eux équipés, à titre expérimental, de planctoscopes pour l'étude des planctons. D'autres ont pour mission de larguer à des points stratégiques de leur parcours des flotteurs Argo. Une technologie qui a révolutionné l’analyse des océans, selon Thierry Reynaud, ingénieur de recherche à l’Ifremer. Allant jusqu’à 2 000 mètres de profondeur, le flotteur récupère des données sur la salinité et la température de l’eau.

Au sujet de cet engagement des skippers pour la conservation des océans, Élodie Pignard, responsable presse de la course de voiliers, l'assure : «Ce n’est pas le Vendée Globe qui demande à ce qu’un skipper soutienne une cause, ça vient du skipper lui-même.» Une tendance écolo qui pourrait prendre de la vitesse car l’association internationale des monocoques ouvert, IMOCA, qui s’occupe de la construction de tous les voiliers pour la course au large, envisage de «systématiser les actions en faveur de la défense des océans avec un axe scientifique», planifie Julia Huvé, responsable de la communication au sein de l'association.

Impact environnemental

Au-delà de la contribution des skippers à la recherche scientifique, la question de l'impact environnemental de la course au large se pose. Car «oui le carbone utilisé pour la construction des bateaux est polluant», reconnaît Julia Huvé, mais le voilier reste tout de même «le seul moyen de locomotion capable de faire le tour du monde en autonomie», tempère-t-elle. 

Aussi, les foils, ces ailerons incurvés placés sur la coque de certains voiliers étaient propres à chaque embarcation. Le conseil d’administration de la classe IMOCA a voté pour changer cette pratique afin de créer un marché de l'occasion. Il faut dire que cet équipement nouveau est extrêmement coûteux : comptez environ 600 000 euros la paire de foils.  

D'autre part, Stéphane Le Diraison, l'un des participants de cette édition du Vendée Globe et fondateur de l'association TimeForOceans, profite de la course pour communiquer sur une étude d’écoconception qui, dès 2021, promet de réduire l’impact environnemental de la construction d’un bateau, tout en gardant une performance plus ou moins équivalente, à moindre coût. Ainsi, le Vendée Globe, cette course d'ingénieurs a encore beaucoup de choses à nous apprendre sur l'homme et la mer.

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