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Didi, le « Uber chinois », objet d'une enquête de Pékin après son entrée en Bourse aux États-Unis, s'était vu suggérer par les autorités chinoises de retarder l'opération mais a ignoré la recommandation, affirme le Wall Street Journal.

Le géant de la réservation de voitures de tourisme avec chauffeur (VTC) a fait la semaine dernière ses débuts à New York et a récolté 4,4 milliards dollars (3,7 milliards d'euros) lors de cette levée de fonds. La firme est depuis visée par une enquête du régulateur chinois pour de potentiels «risques» en matière de collecte de données personnelles d'utilisateurs.

Dimanche 4 juillet, l'autorité chinoise chargée de la cybersécurité a ordonné le retrait de l'application Didi des boutiques en ligne du pays. Elle reste toutefois pleinement utilisable par les usagers l'ayant déjà sur leur téléphone.

Selon l'édition du 6 juillet du Wall Street Journal, l'organisme chinois, sur fond de rivalité technologique Pékin-Washington, avait averti Didi de risques potentiels en matière de fuite de données et avait suggéré de retarder son entrée en Bourse. La firme a finalement ignoré ces recommandations, d'après le quotidien des affaires qui ne cite pas ses sources.

Rivalité technologique

L'application Didi domine le marché chinois depuis qu'elle a chassé son rival américain Uber en 2016 au terme d'une guerre des prix impitoyable.

Les entreprises liées à l'internet sont particulièrement dynamiques en Chine où une législation jusque-là relativement laxiste, en particulier sur les données, et l'absence de concurrents étrangers ont permis à des géants locaux d'émerger.

Mais Pékin fait ces derniers mois preuve de davantage de fermeté à l'égard du secteur et a lancé des procédures à l'encontre de plusieurs entreprises, priées de «rectifier» des pratiques jusque-là tolérées.

 

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Depuis le 5 juillet, deux sociétés chinoises du numérique, également cotées aux États-Unis, sont par ailleurs visées en Chine par une enquête concernant leurs pratiques en matière de données. Il s'agit de Full Truck Alliance (qui possède deux applications de transport de fret et de réservation de camions, Yunmanman et Huochebang) et Kanzhun (propriétaire du champion de la recherche d'emploi BOSS Zhipin).

«Pékin est mécontent de voir ses champions (du numérique) s'acoquiner avec des actionnaires étrangers», estime l'analyste du cabinet Eurasia Group, Lu Xiaomeng, interrogé par l'agence Bloomberg. Les autorités chinoises «veulent que les entreprises technologiques conservent leurs principaux actifs - données et algorithmes - en Chine», juge M. Lu.

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