Guerre en Ukraine

Bientôt trois mois après le déclenchement de la guerre en Ukraine, le constructeur français et l'enseigne américaine de restauration rapide ont annoncé le 16 mai qu'elles coupaient tous leurs liens avec la Russie.

C’est officiel : Renault et McDonald's se retirent complètement de Russie. Lundi 16 mai, le constructeur automobile français, leader en Russie avec la marque Lada, qu’il avait redressée, a annoncé céder sa participation majoritaire (67,69 %) dans le groupe Avtovaz à l'Etat russe, plus précisément au NAMI, l’Institut russe de recherche et de développement des automobiles et des moteurs. Le ministre du Commerce et de l’Industrie, Denis Mantourov, avait indiqué fin avril que la transaction se ferait pour «un rouble symbolique», ce que Renault ne voulait toujours pas confirmer. «Des accords ont été signés pour un transfert des actifs russes du groupe Renault à la Fédération de Russie et au gouvernement de Moscou», a précisé le ministère russe.

La direction de Renault avait déjà annoncé qu’elle allait passer au premier semestre une provision de 2,2 milliards d’euros environ en raison de cette vente. Le constructeur s’était engagé dans Avtovaz en 2008, avant d'en devenir l’actionnaire majoritaire en 2014, sous la direction de Carlos Ghosn. La Russie était le deuxième marché du groupe Renault dans le monde derrière l’Europe, avec près de 500 000 véhicules vendus en 2021. Constructeur le plus engagé en Russie, et l'un des derniers à s’en aller, Renault garde toutefois la porte entrouverte : il pourra racheter pendant six ans des parts dans Avtovaz.

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«Aujourd’hui, nous avons pris une décision difficile mais nécessaire», a déclaré le directeur général de Renault, Luca de Meo. «Et nous faisons un choix responsable envers nos 45 000 salariés en Russie, tout en préservant la performance du groupe et notre aptitude à revenir dans le pays à l’avenir, dans un contexte différent.». Avtovaz fabrique des voitures notamment dans sa gigantesque usine à Togliatti, qui emploie 35 000 personnes. Les Dacia Logan et Sandero y sont aussi commercialisées avec le logo Renault.

Mais le marché russe s’est effondré dans le contexte du conflit en Ukraine, et les usines du groupe tournent au ralenti voire pas du tout en raison d’une pénurie de composants importés, provoquée par les sanctions occidentales. Avtovaz avait ainsi dû envoyer ses employés en congés payés pour trois semaines en avril, arrêtant la majeure partie de sa production. Le syndicat du groupe avait de nouveau annoncé le 12 mai la fermeture des chaînes de production du 16 au 20 mai, faute de pièces.

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Du côté de McDonald's, qui a fermé ses restaurants en Russie début mars, il a annoncé également le 16 mai, par voie de communiqué, son retrait total du pays. «Nous sommes extrêmement fiers des 62 000 employés qui travaillent dans nos restaurants, ainsi que des centaines de fournisseurs russes qui soutiennent notre entreprise et de nos franchisés locaux. Leur dévouement et leur loyauté envers McDonald’s rendent l’annonce d’aujourd’hui extrêmement difficile. Cependant, nous avons un engagement envers notre communauté mondiale et devons rester fermes dans nos valeurs. Et notre engagement envers nos valeurs signifie que nous ne pouvons plus garder les Arches là-bas», déclare Chris Kempczinski, président et chef de la direction de McDonald’s.

L’ensemble du portefeuille des restaurants sera vendu à un acheteur local en Russie. Un processus de «désamorçage» des fast-foods est également prévu, ce qui impliquera pour le repreneur de ne plus utiliser le nom, le logo, la marque et le menu de McDonald’s, bien que la société continue à conserver ses marques de commerce en Russie. En sortant du pays, la société américaine pourrait subir entre 1,2 et 1,4 milliard de dollars de pertes.

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