DEBAT
Pour Jean-Marc Dubreuil (World DMB), la RNT contribue à assurer l’avenir stratégique de la radio et est un levier pour toucher un public plus large et plus jeune. De son côté, Michel Cacouault (Bureau de la radio) juge les coûts de diffusion en RNT trop importants pour un retour sur audience insuffisant, à cause d'un parc de récepteurs trop lentement initialisé.

OUI

La radio numérique terrestre (RNT), qui a démarré en France, permet au dernier média analogique de se numériser. Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) lui a consacré un pré-rapport globalement positif, qui pose la question de sa stratégie de déploiement, pas de sa réalité. Nos voisins couvrent rapidement leur territoire, ce qui est une incitation réelle à une harmonisation européenne autour de la RNT, d’ailleurs promue par l’Union européenne de radio-télévision (UER). En garantissant diversité, pluralité et absence d’intermédiation dans la diffusion, la RNT contribue à assurer l’avenir stratégique de la radio. La RNT améliore instantanément l’offre (100 programmes en France, radios thématiques, stations événementielles, déclinaison ou extension de couverture de stations existantes), propose une meilleure qualité audio, des données associées, garantit anonymat et gratuité. Son audience se renforce à travers l’Europe, certains pays envisageant même l’arrêt de la FM. Dans un paysage FM saturé, alors que la radio IP cherche sa voie (coût, rentabilité, visibilité des programmes), la RNT offre des coûts de diffusion inférieurs à toutes les autres technologies (surtout la 4G). Il faut maintenant qu’elle trouve son public. L’adhésion s’accélèrera avec une couverture large du territoire (bassins de populations et axes principaux), une stratégie de communication vers les publics concernés, des programmes de qualité et l’intégration dans les automobiles et les smartphones. La RNT est le levier pour toucher un public plus large, plus jeune grâce à l’engagement commun de tous les acteurs concernés (éditeur, auditeur, diffuseur, industriels, régulateur, distributeurs…) pour une offre radio enrichie.

 

Jean-Marc Dubreuil, Program Manager de World DMB

 

 

 

NON

La RNT est une technologie dépassée face à l’explosion de l’IP, à l’heure où 80% des foyers français disposent d’un ordinateur1 et 70% des plus de 15 ans d’un smartphone2, qui leur permet d’écouter la radio à domicile et en mobilité. En outre, la FM permet de diffuser en France dans des conditions parfaites et surtout «deep indoor» (dans les bâtiments) ce qui n’est pas le cas de la RNT. Avec 37,9% des 13-19 ans et 27,3% des 20-24 ans écoutant la radio via des supports multimédias3, la mutation technologique est déjà largement entamée. En Angleterre, après 20 ans, seulement 48% des foyers sont équipés de récepteurs RNT4, pour 24% de part d’audience5. Et 55% des radios anglaises ne diffusent pas en RNT6. Ce pays pilote qui avait prévu l’extinction de la FM a fini par abroger cet article de loi sous la pression des radios. En France, pour un groupe qui dispose de trois radios nationales, les coûts de diffusion en RNT pour une couverture nationale seraient supérieur à 10 millions d’euros, pour un retour sur audience irrémédiablement insuffisant, relatif à l’extrême lenteur de l’initialisation du parc de récepteurs. Pour quels nouveaux usages et quelle offre les Français seraient-ils prêts à investir dans un autre mode de réception radio alors qu’ils ont accès à une offre encore plus diversifiée à travers internet? Au moment où la radio bat un record historique d’audience depuis 2002 avec plus de 43,6 millions d'auditeurs et 82,3% des individus âgés de 15 ans et plus7.

Michel Cacouault, président du Bureau de la radio

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