Si le bonheur n'est pas éternel, les Années bonheur s'installe dans le temps. Depuis décembre 2006, avec cette émission de France 2, Patrick Sébastien surfe sur la nostalgie. Celui qui se définit comme un «artiste» repartira en septembre pour une nouvelle saison. Son divertissement, diffusé six fois par saison le samedi soir, rassemble entre 3 et 4 millions de téléspectateurs, avec une part d’audience d’environ 17%. C’est 3 points de mieux que la moyenne de la chaîne.
«L’émission est basée sur la bonne humeur et c’est certainement un élément de son succès notamment en ce temps de crise, analyse Philippe Nouchi, directeur de l'expertise média chez Vivaki Advance. Si elle obtient de très bonnes audiences, c’est toutefois auprès d’une cible âgée, ce qui est un segmentant.» Ce succès est, en effet, essentiellement porté par les téléspectateurs les plus âgés. Selon Vivaki, qui s’appuie sur les données Médiamétrie, les plus de 50 ans constituent 80% de l’audience. Avec Les Années bonheur, France 2 réalise un carton sur cette cible en part d’audience: plus de 20%!
«L’audience des Années bonheur est liée au concept du programme qui revient sur les bons moments passés et travaille la nostalgie, signale un responsable de l’antenne chez France 2. La chaîne n’a pas besoin de rajeunissement, mais d’un élargissement de son audience, même le samedi soir, une case consacrée au divertissement. L’important, c’est l’équilibre des émissions programmées.» Patrick Sébastien, qui y propose aussi son Plus Grand Cabaret, y côtoie également Nagui.
La pipe de la discorde
Autant connu auprès des 25-34 ans (64%) que des 50-60 ans (66%), selon l’enquête 2015 Animat OMG-Stratégies sur les animateurs préférés des Français, Patrick Sébastien traîne une image contrastée et paradoxale. D’un côté il est jugé démodé par 36% des interviewés, et surtout par 40% des 25-34 ans. De l’autre, il apparaît comme une personnalité sympa (27%) et drôle (22%). Deux critères plébiscités par les 50-60 ans qui sont 33% à le trouver sympa et 30% drôle.
L’animateur cultive le bonheur. Les téléspectateurs lui rendent bien. Les annonceurs aussi. Son émission bénéficie d’un partenaire fidèle: les croisières MSC. On reste dans l’univers des plaisirs. «Patrick Sébastien passe à travers les époques, et a réussi à ne pas écorner son image», remarque Philippe Nouchi. Même si sa chanson Une petite pipe avant d'aller dormir avait suscité les foudres de la secrétaire d'Etat à la famille.
Une image qui est, sans doute, la rançon d’un artiste dit populaire. «J’étais déjà ringard à 25 ans, déclarait Patrick Sébastien dans Le Parisien le 26 juin dernier. Cela fait 40 ans que certains me traitent de beauf. Ça me va très bien. Je connais ma culture (…). J’explique à ma fille que pour faire le clown, il faut faire des études.» Ce recul est peut-être la recette de la qualité du lien qui unit l’animateur à son public. Une autre idée du bonheur.
