Audiovisuel
L'industriel n'a pas hésité à surpayer 100 millions d'euros sur cinq ans pour s'assurer les services de Cyril Hanouna et de son émission Touche pas à mon poste sur D8. Les bénéfices sont-ils au rendez-vous ?

En raison des attentats, le 16 novembre, Touche pas à mon poste n’a pas été diffusé. Et le lancement de sa déclinaison Touche pas à mon sport, avec Estelle Denis, a été retardé d’une semaine. «C'est dur de se dire que ça n'était pas un cauchemar. J'ai tellement peur pour vous tous», a confié Cyril Hanouna sur Twitter le 14 novembre. Professionnel jusqu’au bout l’animateur! Quand il n’est pas dans les bons mots, il choisit les mots justes... toujours dans l’émotion et le souci de son public.

Vincent Bolloré, qui a réuni le 12 novembre les salariés du groupe Canal + à l’Olympia pour leur annoncer 2 milliards d’euros d’investissement, s’est déjà expliqué sur la pharaonique enveloppe de 50 millions d’euros conclu avec H2O, la société de production de Cyril Hanouna. il a précisé au CSA, le 24 septembre, que le contrat signé par Ara Aprikian, qui dirigeait D8 jusqu’en juillet, ne permettait pas de retenir l’animateur, qui menaçait de partir sur TF1 ou M6. Seule une option permettant de diffuser Touche pas à mon poste sans Cyril Hanouna pendant un an à moitié prix était prévue. Intolérable, selon l’industriel. Alors qu’il venait de renoncer à verser 24 millions d’euros annuels pour Le Grand Journal de Renaud Le Van Kim, il n’a pas hésité à rayer d’un trait le contrat de près de 30 millions par an sur six ans, conclu par Ara Aprikian, pour le porter à plus de 50 par an sur cinq ans. Note finale: 100 millions d’euros de surcoût.

Coûte que coûte

Cyril Hanouna les vaut-il? Au vu des rentrées publicitaires de la case, sans doute. Philippe Nouchi, directeur de l’expertise médias de Vivaki (Publicis), estime à 280 000 euros nets les recettes quotidiennes de Touche pas à mon poste (750 000 euros en recettes brutes en access en moyenne et 800 000 euros avec les rediffusions). Soit 42% des recettes nettes de la chaîne, selon son estimation. En comptant 46 semaines de cinq émissions chacune, on arrive 61,6 millions d’euros nets, auquel il faut ajouter 4 millions d’euros pour huit semaines d’été non assurées par l’animateur.

Au total, ce serait donc 65,6 millions d’euros annuels nets que cette émission permettrait à D8 d'engranger. L’opération est donc d'autant plus rentable qu’elle crée un effet vertueux sur la chaîne, qui surperforme sur les CSP+ et les cibles jeunes. Depuis octobre 2012, la part d’audience sur la tranche 18h30-19h est passée de 3,6% (2012/2013) à 5,2% (2014/2015), et de 9,8% à 13,9% sur les 15-34 ans. La chaîne a gagné un point sur les CSP+.

Havas Media, contrôlé par Bolloré, contribue-t-il plus que d’autres agences à ce succès? D’après Kantar Media, la part de marché de Havas dans Canal+ Régie est de 18,6% en janvier-septembre, contre 13,25% pour l’ensemble des acteurs du marché. «Un surinvestissement mais qui reste justifiable d’un point de vue stratégique en fonction du portefeuille client de Havas (a priori moins food-ménagères et davantage services)», estime Philippe Nouchi. Enfin, Vincent Bolloré s’est assuré le contrôle de H2O en prenant 26,2% de son propriétaire, Banijay-Zodiac, avec la possibilité de monter à 49,9% dans sept ans, pour un apport de 100 millions d’euros en obligations convertibles. Un autre surcoût?

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.