La plupart des titres de presse ont mis en ligne une page sur Facebook, avec des fortunes diverses. L’outil sert davantage à fédérer une communauté qu’à être un pourvoyeur d’information.

«Avoir beaucoup d'amis, disait Aristote, c'est n'avoir point d'amis.» Si l'on en croit le vieux sage, le journal L'Humanité peut donc compter sur la pureté de l'amitié de ses lecteurs : la page Facebook du quotidien regroupait… onze membres ! D'autres en ont davantage. Ainsi, au moment où nous écrivons, on dénombre plus de 5000 «fans» de L'Express, tandis que son concurrent Le Nouvel Observateur en compte plus d'un millier) et que Le Point, présent par ailleurs sur iPhone, n'a pas jugé bon de créer lui-même sa page: ce sont des étudiants – d'écoles de commerce pour la plupart – qui s'en sont chargés.

Une fois encore, L'Équipe écrase tout sur son passage, tandis que l'on note la bonne performance du Parisien et que l'on remarque l'absence du Monde sur le trombinoscope géant. La page de Libération, qui dit s'adresser «aux lecteurs critiques, lecteurs inconditionnels, jeunes lecteurs, lecteurs soixante-huitards, lecteurs de toute la gauche et même de droite» regroupe, quant à elle, plus de 45000 fans. Stratégies, de son côté, compte plus de 3 500 fans.

Facebook n'est pas qu'une simple vitrine. À L'Express, on prend la chose très au sérieux. «L'animation de communauté, c'est le cœur du réacteur, selon nous, explique Sophie Gohier, éditrice de lexpress.fr. Au départ, l'idée d'une page Facebook est née au service marketing, puis la page a très vite été animée par la rédaction, car il s'agit de fournir de l'éditorial et de dialoguer avec des lecteurs qui, parfois, ne nous connaissent pas.»

Au Nouvel Observateur, on le reconnaît : «Nous sommes arrivés tard sur les réseaux sociaux, il y a six mois, explique Christophe Gueugneau, rédacteur en chef du nouvelobs.com. Nous avons été étonnés par la rapidité des retours. Cela étant, je ne suis pas convaincu que Facebook soit la panacée d'un titre en ligne, mais nous ne pouvions pas ne pas y être.»

Selon la journaliste et «community manager» de Nouvelobs.com, Céline Lussato, l'objectif est surtout de poster des liens vers les articles du site de l'hebdo. «Globalement, les internautes commentent moins sur Facebook que sur notre site. Mais je ne ne pense pas que l'on aille sur Facebook pour trouver de l'info», constate-t-elle. À L'Express, on a d'ailleurs fait le choix «de ne surtout pas publier de “breaking news”, mais plutôt des papiers à valeur ajoutée, avec une surdose d'articles high-tech et participatifs», explique Sophie Gohier.

Twitter s'impose dans les rédactions

Trouve-t-on des gorges profondes sur Facebook ? «On reçoit une trentaine de courriers par jour, dont un ou deux peuvent contenir une info», décompte Céline Lussato. «La page Facebook n'est pas une source d'information, mais vraiment une zone de dialogue avec la communauté», appuie Sophie Gohier.

Utile pour mobiliser des dons en faveur des rescapés d'Haïti. Mais pour débusquer les scoops, Twitter est imbattable, comme on a pu le constater suite au drame haïtien. «C'est un outil bien plus réactif, nous avons immédiatement suivi les comptes d'Haïtiens, raconte Céline Lussato. C'était d'ailleurs poignant de voir le nombre d'internautes qui tweetaient le nom de personnes disparues.»

«Depuis les manifestations en Iran, Twitter a créé une petite révolution dans les rédactions, estime Christophe Gueugneau. On peut facilement y trouver de l'info de première main et aussi des relais vers la presse régionale à côté desquels on aurait pu passer.» Le rédacteur en chef du nouvelobs.com suit d'ailleurs désormais deux fils d'actu en parallèle : l'AFP et Twitter. Logique de flux oblige !

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